LA COLONISATION DE LA BRETAGNE : 1532 – 2012 . Bref rappel historique .

INTRODUCTION. QUELQUES CITATIONS.

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 » Par son égoïsme, le colonisateur a échoué en tout, pollué tout ce qu’il a touché. La colonisation a pourri le colonisateur, et détruit le colonisé « 

Albert MEMMI, Portrait du colonisé, Paris 1957, actuellement publié dans la collection folio.

 » Pour un peuple, perdre son histoire est un désastre. Lui rendre son histoire est un miracle : c’est le plus beau cadeau qu’on puisse lui faire. C’est l’occasion, pour lui, de reprendre un nouvel départ vers son avenir « .

Proverbe maya transcrit par louis MELENNEC.

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J’ai promis maintes fois, à la demande des lecteurs, de rédiger un article juridiquement et historiquement motivé et argumenté sur le pourquoi et le comment de la COLONISATION de la Bretagne. Ce futur article est subordonné à des conditions de temps. On me dit que mes articles sont difficiles à lire, parfois, en raison de leur longueur. Voici un résumé, relativement court, sous la forme d’extraits de mon premier blog – qui traite préférentiellement des problèmes historiques. Tout s’y trouve, mais d’une manière assez compacte. Mieux vaut parfois un court discours qu’une thèse roborative.

Nous reviendrons sur tous les points évoqués ci-dessous en temps opportun, en mettant de l’ordre dans les fragments ci-après. Je complèterai le texte peu à peu, pour le transformer en un exposé structuré, avec des références assez fournies. Dans sa forme actuelle, il est déjà opérationnel. Ce qui suit est une répétition, mais indispensable : notre histoire n’entre dans les esprits qu’à la manière du clou que l’on enfonce dans une poutre : millimètre par millimètre.

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S’il est un mot qu’il ne fallait pas utiliser en Bretagne, pour caractériser ce pays,  il y a peu d’années encore, c’est celui de COLONIE : ce terme étant tabou, parce que, contenant en lui-même une condamnation du pays prédateur, quiconque l’utilisait était taxé de  » nationalisme « , c’est à dire injurié – ce mot ayant à l’époque une connotation très péjorative dans la bouche des insulteurs -,  par des individus qui ne connaissent même pas la définition de ce terme, et surtout méconnaissent TOUT des différences fondamentales entre le nationalisme français, agressif, conquérant, meurtrier, et le nationalisme breton, timide, près peu agressif, et qui n’a guère à son actif que quelques broutilles telles la destruction de quelques croûtes picturales au château des rois de France, en 1978, la destruction d’une statue ridicule, de très mauvaise facture à Rennes, en 1932, etc….. QUI, en dehors de La Borderie, a dressé la liste des châteaux, des remparts, des villes, des monuments, détruits par la France en Bretagne lors des guerres d’invasion, et bien plus tard ? QUI a osé mettre en parallèle les centaines de milliers de victimes du nationalisme français dans le monde (Algérie, Vietnam, Madagascar, Allemagne, Italie ……), et les quelques malheureuses victimes du ” nationalisme ” breton ? Sachez qu’on le fera, et qu’on comprendra enfin de quoi l’on parle.

JE VEUX, dans le présent article, DETRUIRE DEFINITIVEMENT CE TABOU, pour que les Bretons, sachant ce qu’ils sont – des colonisés, c’est à dire des quasi – esclaves -, aient le courage de voir leur vrai portrait, et de prendre les moyens de devenir des hommes, moyens dont ils disposent maintenant, puisque leur histoire est réécrite pour l’essentiel, après destruction méthodique des sottises qui leur ont été enseignées dans les écoles, sous la férule impitoyable de leur voisin de l’Est.

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DEFINITION DU TERME  » SOUVERAINETE  » EN DROIT INTERNATIONAL.

Pour savoir si un Etat est souverain, il faut – et il suffit – de déterminer si cet Etat répond à la définition qui suit :

L’Etat souverain ne reconnaît AUCUNE AUTORITE SUPERIEURE A LA SIENNE.

Il possède en propre, et SEUL, sans qu’aucun autre Etat puisse s’immiscer dans la conduite de ses affaires, la plénitude de compétences, la possession des pouvoirs étatiques ou souverains, qui sont les suivants :

– Le droit d’élaborer sa propre constitution, c’est à dire les modalités de fonctionnement des Institutions de l’Etat (notamment les modalités de désignation et les droits et devoirs du Chef de l’Etat, du chef du gouvernement, du gouvernement, du Parlement).

– Le droit d’élaborer ses propres lois, et le droit applicable sur l’étendue de son territoire.

– Le droit de rendre la justice.

– Le droit de déterminer les impôts qu’il s’autorise à percevoir.

– Le droit de conduire sa politique extérieure (dans le respect du droit international) : la guerre, la paix, la diplomatie, les traités et accord internationaux.

– Le droit de fixer les modalités selon lesquelles il est administré.

– Le droit de déterminer sa politique économique, financière, monétaire.

– Le droit de faire régner l’ordre sur l’étendue de son territoire.

Il est établi – depuis longtemps -, par les travaux de chercheurs éminents, juristes et historiens, que la Bretagne est un pays TOTALEMENT SOUVERAIN au moyen âge, que ses institutions politiques jouissent de tous les pouvoirs souverains, sans aucune exception.

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 BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE.

La littérature sur le concept de souveraineté est particulièrement confuse. Les deux ouvrages ci-après sont clairs, et suffisent à comprendre ce dont il s’agit.

GROTIUS Hugo, Le droit de la guerre et de la paix (De jure belli ac pacis, 1625), édition de 1999 et de 2005, PUF, collection Quadridge.

 Nguyen Quoc Dinh, Droit international public, 5 ème édition, Paris, 1994, LGDJ, particulièrement les pages 443 et suivantes.

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DEFINITION DU MOT  » COLONISATION  » SELON LE DROIT INTERNATIONAL.

Il est impossible de parler de  » Bretagne colonie « , si l’on ne commence par le début : comme nous l’avons fait pour démontrer que les Bretons sont un peuple (ou une nation, comme on voudra, les deux termes étant à peu près synonymes), il faut définir ce que signifient, en droit international, les termes  » colonie « ,  » colonisation « , « colonisé « , « décolonisation « , etc.

En droit, le terme colonisation recouvre plusieurs réalités. Dans le désordre (pour le moment) :

1 – LA PRISE DE POSSESSION, PAR LE COLONISATEUR, D’UN PAYS – en totalité ou en partie -, DE TERRITOIRES APPARTENANT A UN PAYS SOUVERAIN.

Par définition, nous excluons de notre étude cette forme de colonisation – c’en est une -, qui consiste, pour un pays ayant découvert une terre vierge, n’appartenant à personne, à y établir sa souveraineté, et à la peupler  par des  » colons « , appartenant ou non à sa propre population. En droit international, le pays découvreur étant le légitime propriétaire de la terre découverte, n’encourt aucun reproche, car il s’y trouve chez lui.

2 – LA DESTRUCTION DES AUTORITES ET INSTITUTIONS LEGITIMES.

Cette destruction peut-être partielle ou totale, et revêtir des formes diverses.

  – MAINTIEN FORMEL DES STRUCTURES POLITIQUES ANTERIEURES. Il est fréquent que le colonisateur laisse en place les structures politiques (et religieuses) déjà existantes au moment où il s’empare du pays qu’il colonise. Mais celles-ci sont, dans des proportions variables, dépouillées de leurs pouvoirs. La coexistence du colonisé et du colonisateur peut, d’ailleurs, être parfois harmonieuse, chacun trouvant bénéfice à ce type d’ ” associations “. Ainsi les dynasties royales menacées au moment de l’arrivée du colonisateur ont pu être maintenues en place, moyennant de larges concessions au colonisateur. Le plus souvent, le colonisateur attire à lui l’essentiel du pouvoir ( la défense, le contrôle des communications terrestres et maritimes, la politique étrangère, la politique économique, le commerce ….), tandis que le souverain traditionnel, neutralisé politiquement, mais resté en possession de ses biens, continue à vivre dans ses palais, assume son rôle de symbole, assure une police intérieure. Les populations sont soumises dans une servitude plus ou moins pacifique, par un souverain apparent mais complice, même si le colonisateur, vécu comme un étranger (ce qu’il est), est souvent détesté. Ce fut le cas au Cambodge, en Annam, aux Indes, au Maroc, en Tunisie ……

 – DESTRUCTION DES INSTITUTIONS POLITIQUES ET GOUVERNEMENTALES DU PAYS COLONISE. Cette situation correspond à un stade de sujétion beaucoup plus important, celui de l’APPROPRIATION pure et simple du territoire ou du pays conquis, avec tout ce que comporte cette appropriation, y compris le gouvernement effectif du pays. On parle alors, souvent, d’annexion. Ce fut le cas pour la Bretagne, après l’invasion de 1491, jusqu’en 1498, la Duchesse étant purement et simplement écartée de toute initiative dans son propre pays, puis, après le bref ” interlude ” de 1498 à 1514 – durant lequel la Duchesse Anne de Bretagne réussit le tour de force de rétablir les Institutions bretonnes séculaires, et à gouverner effectivement son Pays -, puis lorsque François I er prit possession à nouveau du gouvernement breton dans sa quasi-totalité, dès la mort de la Duchesse, Anne, ayant épousé Claude, la fille de celle-ci, en mai 1514.

3 – LA PRISE DE CONTRÔLE DES POUVOIRS SOUVERAINS : LA DEFENSE, LA POLITIQUE ETRANGERE ET LES TRAITES, LA JUSTICE ….

Dans tous les cas, que le colonisateur conserve formellement les Institutions politiques antérieures (roi, gouvernement, assemblée), ou qu’il installes ses institutions propres (gouverneurs, administrateurs, magistrats ..), il dépouille le pays colonisé de ses principales attributions de souveraineté, et les exerce lui-même, soit par des citoyens de son pays, soit par des sujets recrutés dans le pays colonisé, qui ont accepté de le servir.

4 – L’EXPLOITATION DES RICHESSES DE LA COLONIE AU PROFIT DU COLONISATEUR.

Les Etats coloniaux – sauf exceptions – procèdent, au plan économique, presque toujours de la même manière : ils se servent des contrées colonisées comme de fermes qu’on exploite, dans tous les domaines : les richesses sont pillées, l’argent des caisses rejoint le pouvoir central, le pays annexé est enserré dans les frontières fixées par le colonisateur, qu’il déclare être les siennes, le commerce est étroitement maîtrisé dans les deux sens : la colonie exporte ses matières premières en direction de la “métropole “- ou toute autre direction imposée par elle, d’une manière directe ou indirecte -; la ” métropole ” exporte en direction du marché captif (ou très contrôlé)  constitué par ses colonies, les produits fabriqués par elle, et que souvent, elle INTERDIT à ses ” clients ” obligés, ceux-ci étant interdits de les produire eux-mêmes. L’un des cas les plus scandaleux  est constitué par l’Angleterre, dans ses relations avec les Indes : la matière première textile brute est importée à bas prix ; elle est travaillée en Angleterre …… et revendue à haut prix, sous la forme de tissus finis, aux Indiens, qui n’ont pas l’autorisation de fabriquer eux-mêmes ces tissus !!!!!!! (Marc FERRO, page …..). Voila pour le schéma. Nous allons voir que ce fut le cas en Bretagne, après qu’elle fut kidnappée par la mère des Arts, des Armes et des Lois : « LA » FRANCE.

7 – LE DECERVELAGE, OU LAVAGE DES CERVEAUX. LA COLONISATION DES CERVEAUX, par destruction de la langue, de la culture, de l’histoire, de l’identité ..

C’est, de loin, le processus le plus cruel et le plus douloureux pour les populations victimes de cette manipulation mentale, assimilable à bien des égards à trois opérations chirurgicales associant leurs effets, ayant pour but programmé et voulu de détruire les éléments de l’identité des colonisés pour mettre en leurs lieux et place d’autres éléments, les  » valeurs  » du colonisateur, les composantes de sa religion nationale :  une lobotomie, une lobectomie, une greffe de cerveau.

8 – L’ACHAT DE COMPLICITES LOCALES, DE  » COLLABOS  » et de  » KAPOS « .

Beaucoup de gens pensent que la collaboration est un genre spécifique, apparu sous la seconde guerre mondiale, ne concernant que les Français qui ont apporté, à des degrés divers, leur concours aux autorités allemandes d’occupation.

Il n’en est rien. De même que j’ai démontré ici que les Nations existent non seulement depuis la plus haute antiquité – et même depuis que les hommes vivent en groupe antagonistes, opposés inéluctablement par des conflits et des contentieux -, de même que j’ai rappelé, en accord avec tous les spécialistes de la discipline, que l’histoire des Droits de l’homme commence avec la vie en société (les premières traces écrites se retrouvent dans le Code d’Hammourabi; voir ce terme dans Internet) – ce qui a pour effet d’exclure la France des pays autorisés à se prévaloir du moindre rôle fondateur dans cette matière -, de même les phénomènes de  » collaboration  » – non encore, certes désignés par ce terme -, se confondent avec l’histoire de l’humanité. Ce phénomène est simple : lorsque le pays envahisseur et occupant, ne détruit pas en totalité les populations locales – ce qui est la règle -, il a évidemment besoin de  » complices  » issus de cette population pour la gouverner, la maîtriser, l’exploiter…

Ceux qui ont suivi nos publications ont assisté à un transfert – pensé et voulu – du contenu du terme  » collaborateur « , d’une catégorie de personnes à une autre catégorie, bien spécifique. Pendant plus de cinquante ans, au prix d’une manipulation éhontée, les Bretons ont été désignés, DANS LEUR ENSEMBLE, comme les successeurs des quelques centaines de malheureux qui se sont tournés vers l’Allemagne, durant la dernière guerre. D’ou ces propos imbéciles, tenus récemment par deux débiles parisiens :  » Derrière tout breton, je vois l’ombre d’un nazi « , et, au moment de la révision de l’article 2 de la constitution (française), cet infortuné de l’esprit, admirateur de l’action civilisatrice de la Chine au Tibet, pays martyre :  » je ne voterai pas la réforme proposée : LE BRETON EST LA LANGUE DE LA COLLABORATION  » (!!!!). Aujourd’hui, le terme « collaborateurs » est en voie de terminer sa mutation : maintenant que l’histoire du pays est connue, les collaborateurs sont ceux qui rampent devant ceux à qui ils doivent leurs carrières hors de Bretagne, les autres sont devenus ce qu’ils sont : des Bretons patriotes. Le mot nationalisme a retrouvé sa vraie signification : le nationaliste breton est celui qui a conscience d’appartenir à un peuple spécifique, qui connait l’antiquité de ce peuple, qui est fier de son identité et l’assume pleinement, sans cesser d’être ouvert aux autres nations, cultures et identités, celles-ci méritant autant de respect que celui qui est dû à la Bretagne, et étant source d’enrichissement de l’humanité, non de rejet ou de dégoût. (Font exception : les cultures, sectes, religions ou autres qui prônent la destruction des autres, et, ouvertement, de les TUER).

On verra, aux termes des développements qui suivent – les définitions étant clairement exposées -, que la Bretagne n’est pas devenue une  » province « , c’est à dire une partie, une fraction naturelles de la France (comme l’enseignent encore nos éminents universitaires), mais bien une COLONIE, après la mort d’Anne de Bretagne, et que le processus, à défaut de se poursuivre dans les quatre départements du nord de la Bretagne, se poursuit actuellement avec une vigueur toute particulière, et d’une manière hypocrite autant que contraire aux Principes généraux du droit, comme au droit européen, dans le Comté de Nantes (alias Loire Inférieure, puis Loire Atlantique, par l’absurdité du colonisateur d’avoir substitué aux dénominations traditionnelles de nos régions bretonnes, des appellations aussi absurdes que ridicules, sans jamais nous avoir demandé notre avis, ce qui a été sa manière de gouverner, en toutes choses, depuis que la révolution dite des droits de l’homme a remplacé le régime d’autonomie de la monarchie capétienne finissante par celui d’une implacable dictature politique, transformant les Bretons non en hommes libres, mais en SUJETS d’une république qui, de l’avis de tous ne connaît de la démocratie que le nom.

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE.

Nguyen Quoc Dinh, Daillier, Pellet, Droit international public, Paris 1994, LGDJ, pages ..

Renouvin et Duroselle, Introduction à l’histoire des relations internationales, Paris, Armand Colin, pages

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LA BRETAGNE AUX 14 ème et 15 ème SIECLES : UN ETAT CENTRALISE ET SOUVERAIN.

L’histoire officielle, dans une vision simpliste et incompétente, dont il reste encore des traces, a enseigné que, le roi de France étant le ” Suzerain ” du duc de Bretagne, celui-ci était son sujet, son subordonné. La Bretagne, dès lors, selon cette affirmation tout à fait fausse, est – peu ou prou -, une partie du royaume de France. La guerre de 1488, en conséquence, est une ” remise en ordre ” par le roi de France des troubles qui agitent le Duché, dans lequel se sont réfugiés de très hauts seigneurs français, en conflit violent avec la soeur du jeune roi Charles VIII, Anne de Beaujeu, qui dirige le royaume au nom de son frère d’une main de fer, ces hauts seigneurs étant censés menacer la France. Parmi les réfugiés auxquels le Duc accorde sa protection : Louis d’Orléans, proche parent de la famille ducale, cousin du roi et héritier du trône de France (il deviendra roi, sous le nom de Louis XII, dix ans plus tard, et épousera Anne de Bretagne en janvier 1499) (Excellent exposé dans la Borderie …..; pour une étude détaillée, voir : Pélicier …).

Le Duché, on le sait, n’est absolument pas issu du ” démembrement ” de la France. Depuis le 6 ème siècle, après la disparition de l’Empire romain, la Bretagne continentale (l’ancienne Armorique) est un pays distinct de celui envahi par les Francs, même si, divisé en plusieurs principautés, il ne constitue un pays uni que sous les rois Nominoé, Erispoé, Salomon. Un Duc unique, après une longue phase intermédiaire, ne sera reconnu à nouveau que beaucoup plus tard, jusqu’à la mort de Claude, fille d’Anne de Bretagne, en 1524. A aucun moment de l’histoire de la Bretagne, les Ducs n’ont été redevables aux rois de France de quoi que ce soit, excepté les ” services ” que les deux souverains se sont rendus en qualité d’alliés, ces services étant réciproques, durant les périodes d’alliance effectives, qui ont été entrecoupées de phases de guerre et de contentieux violents. Aucune puissance étrangère – certainement pas la France – n’a conféré au Duc de Bretagne le droit de régner, d’exercer ses fonctions, d’être le Souverain des Bretons. Ceux-ci ont élaboré EUX-MÊMES leurs Institutions au fil des siècles. Toutes les ingérences françaises jusqu’aux invasions destructrices de 1488 et 1491, se sont soldées par des pertes et des fracas pour la France.

(Les historiens « classiques », non juristes, n’ont rien lu des écrits très savants élaborés dès le 11 ème siècle au moins, et ignorent que l’hommage du Duc de Bretagne au roi de France, n’est rien d’autre qu’un CONTRAT, un traité d’alliance entre deux seigneurs, qui s’engagent réciproquement et symétriquement à se conseiller (consilium), à s’aider mutuellement (auxilium), à ne pas se nuire, même si le roi de France est, au plan honorifique, plus prestigieux que le Duc de Bretagne (Rappel indispensable, une fois de plus : lire en entier, le crayon à la main, le petit traité de F.L. GANSHOF, Qu’est-ce que la féodalité, Paris 1982, Tallandier, collection pluriel, 297 pages; interdiction formelle, désormais d’écrire, comme le fait Minois, dans son ouvrage – pas très excellent – sur DUGUESCLIN :  » Depuis au moins quatre siècles … le duc de Bretagne prête hommage au roi, la Bretagne fait (donc) partie du royaume (!!!!) ).

Au moment des dernières guerres d’invasion, à la fin du 15 ème siècle, la Bretagne est un Etat centralisé, totalement souverain, au même titre que  la France, l’Angleterre, la Castille, le Portugal, le royaume de Naples, et maints autres Etats. Cet Etat est gouverné – sagement, on peut le dire, sans guère d’ excès de la part d’aucun de ses Ducs (exception : le français Pierre Mauclerc, Duc-consort, mari de la duchesse Alix),  par une très vieille dynastie, antérieure à celle des Capet, globalement aimée de son peuple, prestigieuse et respectée de toute l’Europe, surtout, exerçant DANS TOUS LES DOMAINES, sans en excepter AUCUN, avec le concours du Parlement général de Bretagne, les prérogatives de la puissance souveraine : le gouvernement, l’écriture du droit, la justice, la guerre et la paix, la diplomatie, les monnaies et la politique financière …..

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE.

 PLANIOL Marcel, tome 3, pages 51 à 162, chapitres IV à IX. L’étude de Planiol, remarquable et complète – à ce point qu’elle rend inutile toute nouvelle thèse future sur ce sujet -, est absolument irréfutable. Le seul problème réel qui reste posé : les historiens universitaires doivent désormais se convertir aux disciplines juridiques, et aux sciences politiques, et ne plus parler des problèmes de droit qu’en se donnant les moyens de le faire. C’est très facile : accomplir tout le cursus universitaire jusqu’au doctorat (soit dix ans environ); puis pratiquer le droit pendant dix ans encore, surtout le droit public. Rappelons que Marcel PLANIOL est notre plus grand juriste, d’une envergure intellectuelle immense (voir sa biographie dans Internet). Il n’est lu par à peu près personne en Bretagne.

I – L’INVASION, LA CONQUÊTE, L’ANNEXION DE LA BRETAGNE SOUVERAINE PAR LA FRANCE PREDATRICE.

L’INVASION MILITAIRE DE LA BRETAGNE PAR LA FRANCE.

Louis XI ayant détruit les Etats bourguignons, en 1477, donne ordre à son fils, le Dauphin Charles, d’attendre que les choses soient plus « mûres » pour faire « tomber » la Bretagne, pays détesté, mais bardé de forteresses sur toutes ses frontières, et allié à toutes les puissances voisines. A cette époque, contrairement à ce que l’on pense, les grands principes du Droit international sont déjà en place. On n’envahit pas un pays souverain n’importe comment, certainement pas parce qu’on possède comme seul argument d’avoir une armée plus puissante. IL FAUT SE DONNER UNE RAISON PLAUSIBLE, au regard de la communauté internationale, pour déclencher la guerre, et mettre ses armées en action.

En 1487 et en 1488, le prétexte tant attendu se présente. Plusieurs grands seigneurs français, en délicatesse avec Anne Beaujeu, fille de Louis XI et soeur du jeune roi Charles VIII, qui gouverne la France d’une main de fer, se réfugient en Bretagne. Parmi eux: Louis d’Orléans, cousin du Roi et héritier de la couronne; Jean de Chalon, prince d’Orange; Odet d’Aydie, comte de Comminges; le comte de Dunois ……

Officiellement, il s’agit, pour la France, de s’emparer de ces seigneurs, et de les punir. François II, duc de Bretagne, est sommé de remettre les « malveillants » du royaume aux officiers du roi, ou de les chasser de ses Etats. Le caractère chevaleresque du Duc a été décrit par les chroniqueurs: il refuse. On n’espérait pas tant: Anne de Beaujeu et Charles VIII ont enfin trouvé une raison suffisante pour faire marcher les armées françaises contre la Bretagne. Par Traité, le roi S’ENGAGE A RETIRER SES TROUPES dès que le duc d’Orléans, le comte de Dunois, le prince d’Orange, le comte de Comminges et leurs gens auront quitté le pays.

Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Le prétexte est trop beau; il risque de ne pas se renouveler avant longtemps: on va donc faire marcher les troupes, tout détruire, et, si possible, tout conquérir. C’est une nouvelle félonie à l’égard de la Bretagne. Mais celle-ci va être fatale au Pays. Le processus étant enclenché, ne se terminera qu’en 1532, par une annexion fallacieusement déguisée en Traité.

La preuve péremptoire des intentions françaises résulte de la lettre du roi Charles VIII, en date du 11 mars , nommant Louis de la Trémoille Lieutenant Général de l’Armée du Roi en Bretagne. Cette lettre est terrible. Dans le processus actuel de réappropriation par les Bretons de leur véritable Histoire, elle est d’un poids considérable. Les faits sont aggravés par les considérations suivantes:

– La Bretagne est un pays pacifique; son seul désir est d’être en paix avec ses voisins.

– En accordant le droit d’asile à quelques seigneurs français, le Duc ne fait que son devoir. Ce droit d’asile est traditionnel, et d’ailleurs bilatéral . On en trouve les premières traces dans Grégoire de Tours (au 6 ème siècle !). La France, de son côté, agit de même, en accueillant sur son sol les seigneurs mécontents fuyant leur pays. Au cours des décennies qui ont précédé, elle a, notamment, accueilli nombre de Bretons, en particulier l’ennemi le plus virulent du Duc : son très proche parent et premier seigneur du Duché, le Vicomte Jean II de Rohan. Il s’agit donc bien d’un prétexte, non d’une raison légitime. En aucun cas, la présence de quelques seigneurs français en Bretagne ne peut porter préjudice à la couronne de France, puisqu’il n’ont ni armées ni moyens de combattre le roi.

–  La Bretagne, on ne le sait que trop, est en état de vulnérabilité; elle ne dispose pas d’une armée suffisamment puissante pour agresser la France, et n’a nulle intention de le faire. La disproportion des forces que les deux protagonistes peuvent opposer est considérable : la Bretagne ne commettrait pas la folie de déclencher un conflit armé, qu’elle n’a aucun moyen de remporter.Le Duc, selon les chroniqueurs, est « bon homme », et n’a aucune volonté de se lancer dans une aventure pareille.

– Le mensonge des Français est patent. Or, le droit de l’époque interdit les guerres sans objet légitime, destinées à nuire, à plus forte raison de s’emparer des Etats et des territoires d’autrui. Ces guerres sont considérées comme des « voleries » (= des vols, en français moderne).

– Le Duc de Bretagne est souffrant, depuis des années. Ses filles sont mineures. Le devoir impératif du roi de France est de protéger ses deux jeunes parentes. Au contraire, la France met à profit l’état de vulnérabilité de la Bretagne pour l’envahir.

En termes moraux, l’entreprise est ignoble, à tous égards. En termes juridiques, la guerre faite à la Bretagne, est une guerre INJUSTE : elle n’a aucun objet légitime; elle n’est pas destinée à corriger une injustice; elle n’a pas pour objectif de ramener la paix, mais de faire la guerre; elle poursuit le but, non dissimulé, de faire le mal, et de s’emparer du bien d’autrui.

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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE. On est PARFAITEMENT informé sur les guerres d’invasion de Bretagne de 1487 à 1491. La documentation est pléthorique. Il ne subsiste sur la matière aucun angle mort. L’exposé de La Borderie est excellent, au moins jusqu’au mariage d’Anne de Bretagne (page 573) et quasi complet. La thèse de Pélicier – introuvable -, a beaucoup apporté, et parfaitement  » décortiqué  » les tenants et les aboutissants de cette guerre, qui est, sans aucun doute ni aucune réserve, une guerre d’agression et de conquête de la part de la France. Les lettres publiées par Louis de la Trémoille sont précieuses. Elles permettent de suivre en  » direct  » les péripéties de cette guerre, du côté français, le roi Charles VIII, à très faible distance du  » front « , dirigeant avec minutie toutes les opérations.

GABORY Emile. Anne de BRETAGNE, Paris, éditions Plon, 1941. L’un des meilleurs ouvrages sur Anne de Bretagne, remarquablement documenté. Vision très inexacte de la  » réunion  » de la Bretagne à la France : les Français sont des ennemis, des envahisseurs, des occupants. Ils sont détestés en Bretagne. L’annexion n’a en aucun cas été désirée, comme l’affirme l’auteur, mais forcée.

LA BORDERIE (Arthur LEMOINE de la), Histoire de Bretagne, tome 4, pages 521 à 573. Attention ! La fin de ce tome 5  contient d’importantes inexactitudes concernant le mariage d’Anne de Bretagne. Notamment, La BORDERIE n’a pas compris que le  » don  » réciproque que se font les époux de leurs droits sur le Duché de Bretagne est une énorme supercherie mise au point par la chancellerie française : LE ROI CHARLES VIII ne possède AUCUN DROIT SUR LA COURONNE DE BRETAGNE. Il ne peut rien céder sur ce point à Anne de Bretagne – puisqu’il ne possède rien -, pas plus qu’elle ne peut rien céder de la Bretagne à qui que ce soit, puisqu’elle est sur le trône en vertu des coutumes constitutionnelles du Duché, non en vertu d’un quelconque droit de propriété : la couronne ne peut être ni cédée, ni vendue, ni léguée.

MINOIS Georges, Anne de BRETAGNE. Paris, éditions Fayard 1999. L’ouvrage est bien documenté, mais l’auteur s’épanche dans une haine absurde à l’encontre de Anne de Bretagne, que rien ne justifie. Si cette femme avait été méprisable, le devoir de l’historien serait de le dire. Mais si le personnage a été admirable, comment justifier le caractère injurieux que l’auteur en a fait, sauf la honte de soi-même, et d’être breton ? L’ouvrage et l’oeuvre de cet historien en sont discrédités, en totalité. Car que croire de ce qu’écrit cet auteur, après ce portrait outrancier d’Anne de Bretagne, formellement contredit par ses actes, sa vie, sa personnalité que la caractérologie moderne permet aujourd’hui de considérer comme une femme tout à fait exceptionnelle ? Plus grave : comment M. MINOIS ignore-t-il que l’hommage est l’acte simple par lequel se concrétise un CONTRAT, à égalité entre les contractants, et L’EXERCICE DE TOUS LES POUVOIRS SOUVERAINS dans son pays par le Duc de Bretagne ???

MORICE (Dom Hyacinthe), Preuves, tome III, pages 2 à 748. Irremplaçable.

PELICIER Paul, Essai sur le gouvernement de la dame de Beaujeu (1483 – 1491), Chartres 1882, Genève 1970, éditions Slatkine reprints, 315 pages. Les documents inédits découverts par Pélicier, passionnants, permettent d’entrer dans les coulisses de la guerre d’invasion franco-bretonne, jusqu’à connaître les sentiments, les mobiles, les états d’âme des protagonistes. Cet ouvrage, introuvable depuis de longues années, est désormais accessible sur la toile (http://ia700401.us.archive.org/23/items/essaisurlegouve00unkngoog/essaisurlegouve00unkngoog.pdf).

TREMOILLE (Louis de), Correspondance de Charles VIII et de ses conseillers avec Louis II de la Trémoille pendant la guerre de Bretagne, Paris 1875, Genève 1978, éditions Mégariotis Reprints, 284 pages. Ces 236 lettres émanant du roi Charles VIII et de ses proches conseillers permettent de suivre sur le vif, presqu’au jour le jour, la guerre d’invasion de Bretagne. La valeur de ces témoignages est inestimable.

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LE FAUX TRAITE DE 1532.

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On sait aujourd’hui que la Bretagne n’a JAMAIS été juridiquement  » réunie  » à la France, encore moins par un  » traité  » librement consenti entre deux Etats agissant de leur pleine et souveraine volonté. Les députés Bretons, après une longue  » préparation  » de la part de la France, ennemi héréditaire détesté, dans laquelle ont été associés pressions, menaces, concussion, achat des consciences ont été convoqués à Vannes, en août 1532, sans bien savoir ce qui allait s’y passer. Le pays occupant, dirigeant tout et toute chose depuis la mort d’Anne de Bretagne, survenue en janvier 1514, le gouvernement français, dirigé par le corrompu cardinal DUPRAT, décide en août 1532, de frapper le grand coup.

Le roi François I er de France, monté sur le trône à la mort de son oncle le 1 er janvier 1515, mari de la Duchesse légitime, Claude, depuis le mois de mai 1514,  fille d’Anne de Bretagne et de Louis XII de France, se transporte en Bretagne, avec une smala immense, extrêmement impressionnante et intimidante (10000 à 12000 personnes, autant de chevaux, plusieurs milliers de soldats). L’affaire a été méditée et soigneusement préparée. Il ne s’agit, en aucun cas d’une expédition touristique, ni de prendre des bains de soleil sur les plages bretonnes. Les principaux complices bretons (Jean de Laval-Chateaubriand, nommé gouverneur militaire l’année précédente, à raison des services immenses qu’il rend au roi, le  » Président-traître » des Déserts ….) mis dans la confidence, au nombre de quelques uns, sont convoqués au Château de Chateaubriand. Puis, le roi français, QUI N’EST RIEN EN BRETAGNE, sauf le veuf de la Duchesse Claude, duchesse en titre jusqu’à sa mort en 1524, et surtout le père de l’héritier légitime du Duché souverain, le deuxième enfant que lui a donné Claude de Bretagne, se transporte dans la superbe résidence ducale de Suscinio, très proche de Vannes. Le prince Henry, fils de Claude, petit fils d’Anne de Bretagne, héritier légitime du trône de Bretagne, a été dépossédé de ses droits au profit du dauphin de France, François (ces faits sont connus, principalement, grâce à Chantal Reydellet, archiviste à Rennes).  Le roi français, son père, est présent sur les lieux, et se tient prêt à intervenir, si besoin est, CAR IL EST VENU POUR CELA. Tous les contemporains savent cela (y compris à Paris, cf le journal du Bourgeois de paris), sauf à se taire, s’ils veulent conserver leur tête sur leurs épaules : voilà le climat dans lequel se passe toute cette affaire, dans laquelle la prude Bretagne, bien loin d’aller à l’autel comme une vierge vers son fiancé (quelle honte que le remarquable Gabory, que le savant Pocquet et tant d’autres aient pu écrire cela, et apposer leur signature sous ces sottises), va se faire engrosser par la France (on a compris que nous pensons ici à un mot beaucoup plus explicite, mais passons ……). (Pour gagner du temps, lire le petit ouvrage de Dominique Lepage et de Michel Nassiet, intitulé  » L’union de la Bretagne à la France », livre honnête, très bien documenté, et, par bonheur enfin, un peu plus audacieux que les autres (Skol Vreizh, Morlaix, 2003; erreur importante, toutefois, page 163, sur le prétendu  » traité « ; Lepage est l’auteur d’une thèse assez remarquable sur cette période).

Le 4 août, date de sinistre mémoire, les députés bretons, apeurés, sont réunis. AUCUNE NEGOCIATION entre les Bretons et les Français n’a lieu. Aucun texte commun n’est discuté, rédigé, paraphé, raturé, corrigé, parachevé par les représentants des parties, comme cela EST OBLIGATOIRE DANS LA CONCLUSION DES TRAITES. La Bretagne, d’ailleurs, a été privée de tout ambassadeur régulièrement accrédité pour cela, ELLE N’A AUCUN MINISTRE PLENIPOTENTIAIRE. François I er n’est pas venu consulter les Bretons – certainement pas ! -, mais pour faire main basse sur la Bretagne, et la mettre dans son escarcelle.

C’est UNE PROCLAMATION UNILATERALE, rédigée par le gouvernement français (la Chancellerie), QUI EST LUE A LA TRIBUNE par un prélat complice (ce texte, qui ne traduit en aucun cas le fruit d’une libre discussion entre la Bretagne et la France, est publié par Morice, voir Preuves, pages 997 et 998).

Une deuxième proclamation UNILATERALE  intervient peu après, sous la forme d’un EDIT ROYAL – daté du mois d’ août 1532 -, c’est à dire UNE LOI FRANCAISE, édictée par un Etat étranger, sans aucun effet juridique possible en Bretagne, PAYS TOTALEMENT SOUVERAIN. C’est une authentique imposture, que certains  » gogos  » continuent encore à désigner, en 2012, sous le nom de  » Traité de Réunion de la Bretagne à la France  » (Cassard, par exemple, dans un ouvrage récent; regrettable : cet historien fait partie des gens sérieux, et des chercheurs très estimables).

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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE.

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LEPAGE Dominique, Finances et politiques en Bretagne au début des temps modernes (1491 – 1547). Ouvrage très important, qui  » décortique  » les manoeuvres utilisées par la France pour digérer, phagocyter la Bretagne, de la mort d’Anne de Bretagne au prétendu traité de réunion, et au delà. Deux inexactitudes sous la plume du préfacier, Jean KERHERVE : la phagocytose de la Bretagne n’est pas une  » intégration « , mais un processus agressif pensé et pourpensé de digestion du pays; les ducs de Bretagne ne sont pas  » quasi-souverains « , mais entièrement souverains, au même titre que leurs compères les rois de France. Enfin (préface, in fine), quiconque s’est donné la peine de lire l’histoire des autres pays, savent que l’exemple de la Bretagne non seulement n’est pas  » unique « , mais est banal dans l’histoire du monde, la digestion des pays les uns par les autres obéissant aux mêmes lois générales que celles appliquées par la monarchie française pour annexer la Bretagne. De ce point de vue, l’histoire de Bretagne n’apporte rien à personne, sauf aux Bretons. En revanche, la similitude des processus dans l’histoire des autres pays nous permet de comprendremagnifiquement la nôtre.

MELENNEC Louis, Conférence donnée à Vannes en mars 2006 (cette conférence, entièrement filmée, est diffusée par l’Agence Bretagne Presse (ABP). Elle contient la démonstration complète de la nullité du prétendu traité de 1532, ou, plus exactement, de son INEXISTENCE JURIDIQUE, aucune des conditions requises pour qu’un traité soit juridiquement valide n’ayant été respectée, l’acte publié en août 1532 par la monarchie française étant un ACTE UNILATERAL, non discuté, non consenti, non paraphé par les Bretons.

MORICE (Dom Hyacinthe), Preuves,  tome III, pages …      Irremplaçable.

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II – LA DESTRUCTION DES INSTITUTIONS ETATIQUES DE GOUVERNEMENT .

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Nous allons voir, les évènements et la réalité des choses étant plus que probants, que c’est un phénomène colonial d’une évidence criante qui s’est déroulé en Bretagne de 1532 (ou de 1514, si l’on préfère, la Duchesse Souveraine Anne étant décédée le 9 janvier de cette même année), à 1789. Rien n’y manque, y compris la résistance opiniâtre, jamais en défaut, des populations indigènes. La matière est si abondante, qu’il est impérativement nécessaire de l’exposer d’une manière schématique, si l’on ne souhaite pas s’y perdre. A partir de 1789, la Bretagne n’est même plus une colonie : elle est phagocytée, digérée, réduite à néant par le pays prédateur.

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1 – LA DESTRUCTION DE LA DYNASTIE BRETONNE ET L’ELIMINATION METHODIQUE DES PRETENDANTS POSSIBLES AU TRÔNE DE BRETAGNE.

Les faits que nous rapportons ici ne sont pas d’une découverte récente; il s’agit de faits passés sous silence par ceux qui ont écrit sur cette époque : les manoeuvres accomplies sciemment par les Français, pour déposséder du trône breton l’héritier légitime de la couronne de Bretagne, et de le remplacer par un imposteur (références : Dom Morice, …; notes manuscrites de L. Mélennec; Chantal Reydellet-Guttinger, ex conservateur des archives départementales d’Ile et Villaine …; D. Le Page, thèse; D. Le Page et M. Nassiet, pages  161 et suivantes ..).

– LE RETABLISSEMENT DES INSTITUTIONS BRETONNES PAR ANNE DE BRETAGNE. La Duchesse avait réussi, quelques mois seulement après la mort de son deuxième mari, Charles VIII, lors de son mariage avec Louis XII, un véritable tour de force. Par le traité signé à Nantes le 7 janvier 1499, par les deux souverains (Morice, Preuves III, page …), il fut décidé que si du mariage royal naissaient deux enfants, l’un (si l’un de ces enfants était un fils), monterait sur le trône de France; le second – fille ou garçon -, deviendrait Duc de Bretagne, ce pays ayant retrouvé, par l’effet de ce traité, toutes ses institutions souveraines, et sa totale indépendance (” Afin que le nom de la Principauté de Bretagne demeure, et ne soit pas aboli dans l’avenir … il est décidé que le second enfant mâle – ou fille à défaut de mâle -, naissant de ce mariage, SERA ET DEMEURERA PRINCE (= Duc) de Bretagne “. (Nous traduisons ce texte en français moderne, pour lever toute ambiguité sur sa signification très claire). La clause vaut pour les générations futures, dans l’hypothèse ou Louis XII et Anne n’auraient qu’un seul enfant : Anne a donc mis en place un dispositif juridique en apparence sûr, qui garantit ad vitam aeternam la souveraineté du Duché. Ce travail est admirable; à lui seul, il suffirait à justifier la vénération dont la Duchesse est l’objet en Bretagne.

– L’ELIMINATION DU TRÔNE DE BRETAGNE DU DEUXIEME FILS DE CLAUDE, héritier légitime (1524). Contrairement à ce qu’on peut lire encore en 2010, dans tous les livres d’histoire écrits par des Bretons, la Duchesse Claude, dans son testament, NE LEGUE ABSOLUMENT PAS LE DUCHE à son fils ainé, le dauphin François (Mélennec, mémoire de DEA, page … ; ou, dans ABP : L’élimination de Claude du Duché de Bretagne …). Pour une raison majeure : le Duché de Bretagne – pas plus qu’aucun autre Etat souverain – n’est la propriété privée du Duc : celui-ci occupe une FONCTION au nom et pour le salut de ses sujets : il ne peut ni l’aliéner, ni le vendre, ni le céder, ni, à plus forte raison, le léguer par testament : on devient Duc parce que les lois fondamentales du Duché – la Constitution, faite de coutumes dégagées par les siècles – appellent au trône le seul héritier légitime, en aucun cas une personne désignée par le Duc défunt. Aussi le testament de Claude – j’ai eu entre les mains, je le souligne, l’exemplaire conservé à la bibliothèque Mazarine -, s’il désigne en effet son fils ainé François comme le légataire universel de ses biens personnels, CEUX QU’ELLE POSSEDE EN PROPRE, en aucun cas ceux qui ne lui appartiennent pas, ne fait aucune mention du Duché, puisque celui-ci a, par la mort de Claude, un héritier désigné : son deuxième fils, Henri, duc d’Orléans, en application du traité brito-français du 7 janvier 1499 : AUCUN DOUTE A CE SUJET (Mélennec, mémoire de DEA, page ….).

Pourquoi les historiens bretons se sont-ils ” trompés ” à ce point sur les dispositions capitales de ce testament ? Pourquoi ne l’ont-ils pas lu ? Pourquoi ont-ils pu ignorer que la Duchesse ne pouvait ” léguer ” à qui que ce soit une couronne, encore moins un pays, qui ne lui appartenaient pas ??

François I er et son chancelier, le sinistre cardinal DUPRAT, tentent ce qu’on appellerait aujourd’hui un ” coup de poker ” : faire croire que Claude a instauré par son testament son fils aîné, François, le dauphin de France comme héritier du trône breton, et que, celui-ci devant succéder à son père François Ier à sa mort, il réunira sur sa tête à la fois la couronne de Bretagne et la couronne de France. Dire que les Bretons sont furieux d’apprendre que le roi étranger François Ier veut placer sur le trône de Bretagne un prince illégitime – un IMPOSTEUR -, est peu dire : ILS NE VEULENT, NI DE PRES, NI DE LOIN, UN QUELCONQUE ROI DE FRANCE sur le trône breton. Ceci est UNE CERTITUDE ABSOLUE. Lors de la réunion des Etats de Bretagne, le souverain étranger François I er est ” mouché “, de la belle manière, dans des termes plus que fermes. Colère efficace : il admet cette giffle, mais revient à l’assaut aussitôt. Que se passe-t-il dans les mois qui suivent la mort de la Duchesse Claude ? ….. On ne connaît pas le détail de l’opération. Quoiqu’il en soit, avant que l’année 1524 soit écoulée, le fils ainé de François Ier et de Claude, le dauphin François, est bel et bien « substitué  » à son frère Henry … Il est plus que probable que François Ier, par des manoeuvres dont il est familier, a acheté les membres influents des Etats de Bretagne, a forcé la main et menacé d’autres ..

– L’ELIMINATION DES AUTRES PRETENDANTS AU TRÔNE DE BRETAGNE. On lit encore que deux mariages brito-français (Anne puis sa fille Claude), et un chiffon de papier connu sous le nom de  » Traité d’Union « , ont suffi pour que la Bretagne tombe dans l’escarcelle des Capet. Ce n’est pas ainsi que les choses se sont passées.

Dès l’invasion de la Bretagne, en 1487, avec obstination, le roi de France ne possédant aucun droit sur la couronne de Bretagne, les successeurs éventuels au trône, sont strictement éliminés de leurs prétentions. On est parfaitement éclairé par les archives sur ces manoeuvres.

RENEE DE BRETAGNE (dite Renée de France) aurait pu, en sa qualité de deuxième enfant de Anne de Bretagne et de Louis XII, être la première de ces prétendantes. Ses droits au trône étaient réels. On prête à Anne de Bretagne, dans l’année qui a précédé son décès, voeu renouvelé sur son lit de mort – sans en avoir le preuve formelle – d’avoir voulu en faire la Duchesse de Bretagne, aux lieu et place de sa soeur Claude; ce qui était constitutionnellement possible, à condition que les Etats de Bretagne en soient d’ accord (Anne Puaux, Renée de France, Paris, Hermann, page 5). Louis XII avait lui même envisagé cette solution, peu avant sa mort, un an plus tard (de Maulde, 353, 354). Renée, élevée à la cour de son beau-frère François Ier, vit de longues années dans l’ignorance de ses droits. Son beau frère la dépouille de la totalité de ses biens, qui sont considérables. Puis, par des combinaisons assez répugnantes, il l’utilise comme instrument diplomatique pour parvenir à ses fins. Il la fiance, successivement au futur Charles Quint, puis à Joachim, fils de Margrave de Brandebourg. In fine, il la marie, tardivement, alors qu’elle a atteint l’âge de 28 ans, à un principicule italien, le Duc Hercule de Ferrare. Ce mariage si mal assorti est jugé scandaleux par toute l’Europe. La dot est ridicule, indigne de la fille du roi et de la reine les plus puissants de la chrétienté; elle ne sera d’ailleurs jamais payée. il est clair que François Ier s’est débarrassé de Renée, en la mettant dans l’impossibilité, par son éloignement, et par le caractère insignifiant du mari qu’il lui a choisi, de jamais entrer en possession de son héritage. La dépossession de Renée de ses biens et de ses droits est une certitude, non une hypothèse d’historien. Alain MORGAT, dans sa thèse, au moyen d’une documentation considérable, a étudié cet épisode honteux de la monarchie française, et cette nouvelle malversation aux dépens de la Bretagne (ce que confirment nos propres recherches, non publiées).

Jean de BROSSE – BRETAGNE. On se souvient qu’à la mort du duc régnant Jean III, en 1341, la Duchesse héritière est, pour tous, sa nièce Jeanne de PENTHIEVRE, mariée à Charles de BLOIS, neveu du roi de France Philippe VI depuis 1337. Un prétendant inattendu apparaît alors, à la surprise générale : Jean de Montfort, demi-frère du duc décédé. Son fils – Jean de Montfort, futur Jean IV de Bretagne -, revendique les droits de son père; il en résulte une guerre meurtrière, dite  » guerre de succession  » (Entre autres : Cassard Jean-Christophe, La guerre de succession de Bretagne, Spezet, Coop-Breizh, 2006 : ouvrage d’érudition, trop long, que personne n’a pu lire à cause de cela). Celle-ci se termine par les traités de Guérande : Jeanne de Penthièvre est éliminée, Jean de Montfort devient duc sous le nom de Jean IV. La lignée se poursuit : Anne de Bretagne est sa descendante.

Les héritiers de la duchesse Jeanne de Penthièvre et de Charles de Blois n’ont jamais accepté leur défaite, ni leur élimination du trône de Bretagne. C’est un long roman, dont les péripéties, surprenantes, n’ont pas leur place ici. Tous les héritiers de Jeanne de Penthièvre font non seulement valoir leurs droits sur les terres dont la possession leur a été ôtée en Bretagne (en particulier le prestigieux comté de Penthièvre), mais ils affirment qu’ils sont les vrais ducs de Bretagne, et que les Montfort (y compris Anne de Bretagne) sont des imposteurs.

Après de longues péripéties, les rois de France (Charles VIII, Louis XII) ayant failli à leur promesse de procéder à la restitution des biens qui leur ont appartenu en Bretagne, François Ier se décide enfin à rendre à Jean de Brosse-Bretagne le comté de Penthièvre, par un édit dit  » de Crémieux « , daté du … Cette restitution a un but politique : Jean de Brosse-Bretagne doit s’engager à renoncer à tout  » droit au duché de Bretagne « . Cette affaire a été particulièrement laborieuse. Pour autant, elle ne met pas un terme au conflit, car ce renoncement de Jean de Brosse n’est pas sincère : ses héritiers, considérant – à juste titre – qu’une promesse prise sous l’effet de la contrainte n’engage juridiquement à rien, jugent qu’ils sont toujours habilités à revendiquer le trône de Bretagne. (Comme personne ne connaît ce point, indiquons que l’immense juriste Planiol, aux termes d’une étude rigoureuse, que lui seul avait compétence pour mener à bien, a toujours considéré que les Montfort étaient, lors de la morts de Jean III, en effet, des imposteurs, et que Jeanne de Penthièvre était l’héritière légitime du duc, ce qui implique que la guerre de succession a été une guerre injuste, et que Jeanne et ses héritiers ont été évincés du trône breton en violation du droit. On comprend mieux l’acharnement inoui de ceux-ci à poursuivre la lutte sur la plan juridique pendant une période si incroyablement longue). (L’histoire donnera rapidement raison aux Montfort, car les Bretons et les Etats les accepteront comme légitimes, ce qui règle le problème, de ce point de vue).

LA BORDERIE, Arthur ..

LE PAGE Dominique, pages 127 et suivantes;

PLANIOL Marcel, tome 3, pages , pages 20 et suivantes, Légitimité de Charles de Blois, et de Jeanne de Penthièvre …

– Marie de LUXEMBOURG, duchesse de Penthièvre et duchesse de MERCOEUR (1562 – 1623). Un nouveau rebondissement se produit durant la guerre de la Ligue ( …). La saga des descendants de la duchesse Jeanne de Penthièvre ne s’interrompt pas avec la restitution du comté de Penthièvre à Jean de Brosse-Bretagne. Evincés du trône de Bretagne, jadis, par les Montfort, ils vont tenter, une fois de plus, de recouvrer leurs droits à la faveur de la guerre de la Ligue, à la fin du 16ème siècle, soit …. deux siècles après le deuxième traité de Guérande !

Marie dite de Luxembourg – qu’il est plus légitime d’appeler de Penthièvre, pour marquer son appartenance à la « tige royalle de Bretagne », aurait pu ne rien revendiquer, en raison de l’engagement pris par son oncle Jean de Brosse -Bretagne de renoncer à tout droit à la couronne de Bretagne, et en rester là. IL n’en est rien. Elle nait à Lamballe – ville éminemment bretonne -, en 1562. Elle est la fille de Sébastien de Luxembourg-Bretagne, gouverneur de Bretagne de 1566 à 1569. Elle épouse en 1575, à treize ans, Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercoeur, beau frère du roi de France. Le comté de Penthièvre a été érigé en duché-pairie en 1569. Elle est baptisée en 1562, dans la cathédrale Saint Pierre de Nantes, dans un pompe quasi royale. Tout ce que compte le pays d’important est là : c’est une enfant du pays, descendante de surcroit de Jeanne de Penthièvre, duchesse de Bretagne de … à … Elle n’a donc rien à voir, de ce point de vue – malgré les alliances contractées par sa famille -, avec les souverains français détestés : on peut la considérer comme bonne bretonne, là ou le roi de France et le roi d’Espagne (voir ci-après) sont résolument des étrangers. Elle est belle (on l’appelle  » la belle Nantaise « ), intelligente, ambitieuse, habile, cultivée, raffinée. Elle sait se faire aimer, et est très  » populaire « . Elle crée autour d’elle une cour raffinée. Sincèrement pieuse, elle multiplie les oeuvres de bienfaisance, prend des mesures peut-être sincères, peut-être habilement démagogiques. Elle est habile, et mène ses affaires avec une grande intelligence.

Il est absolument HORS DE DOUTE qu’elle a ambitionné de rétablir la monarchie bretonne à son profit, même si, en politique avisée, elle a joué sa partie avec une très grande habileté et une grande prudence …Deux indices qui ne trompent pas :

. Même si son mari et elle-même sont discrets sur leurs véritables ambitions – par stratégie et sans doute à cause de l’irrésolution du caractère de son mari -, ces ambitions sont connues et attestées d’un grand nombre de hautes personnalités (La Borderie, tome 5, pages …)

. Son fils Louis étant né en … elle lui fait donner le titre de  » Prince et Duc de Bretagne « , ce qui est une signature IRREFUTABLE (Planiol, tome 5, page ……; Alain Croix, L’âge d’or, page 58). Cet enfant étant mort à un an, elle réitère pour son fils François, lors de son baptême, en 1592. On ne donne pas ostensiblement de tels titres à ses enfants sans une intention claire et arrêtée, exempte de toute ambiguité.

L’université s’obstine, encore aujourd’hui, à soutenir que la Bretagne a accepté sa  » réunion  » à la France. C’EST FAUX. La noblesse, facteur que l’on a négligé dans tous les ouvrages, est farouchement anti-française à cette époque, même si elle fait mine, en soutirant titres, honneurs, pensions de l’occupant; il n’y a aucun doute à cet égard (ELLE L’EST TOUJOURS, EN 2012 !!!!). Mais, durant ce conflit meurtrier, tout le monde est prudent : les guerres brito-françaises sont dans toutes les mémoires, on ne sait qui sortira vainqueur des affrontements, désastreux comme toutes les guerres (Hervé Le Goff, page 321), et l’on juge qu’il est opportun de ne rien décider avant que la situation ne s’éclaire. Les déclarations de  » loyalisme  » à l’égard de la monarchie, à Rennes comme à Nantes,  sont de pure façade, purement politiques et attentistes. Telle est notre opinion, en tous cas, fondée sur la parfaite connaissance  du sentiment d’appartenance des Bretons pour leur pays, ceci depuis leur arrivée en Bretagne, et de leur haine des Français, collabos INCLUS.

La partie est très serrée. Il faut jouer d’habilité, de prudence, et ….. ménager une porte de sortie, au cas ou l’on perdrait le combat. En face de la duchesse de Mercoeur et de son mari, il y a au moins deux autres autres « prétendants », infiniment plus puissants qu’eux : Henri de Navarre – le futur Henri IV -, le roi Philippe II d’Espagne, pour sa fille (voir ci-après).

Le sort des armes décide de la triste fin de cette aventure. Contrainte par la nécessité – mais non de gaité de coeur -, elle négocie son ralliement à Henri IV en 1598, et obtient une énorme compensation financière. (Ce qui, aujourd’hui encore, la fait juger par certains historiens comme une hypocrite, ce qui n’est pas démontré : à cette époque, et dans de telles circonstances, nécessité fait loi, négocier à son avantage n’est pas synonyme de trahison). La Bretagne reste donc sous le joug de la couronne de France, jusqu’en 1789, ou elle connaîtra un destin bien pire.

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE.

LE GOFF Hervé, La ligue en Bretagne, Rennes, PUR, 2010, 573 pages : érudit, mais touffus et quasi-ilisible, à force de détails.

LA BORDERIE Arthur

CROIX Alain, L’âge d’or de la Bretagne (1532 – 1675), Rennes, 1993. Pages 52 et suivantes. Cet auteur, qui a soutenu une thèse (excellente), n’étant pas breton, ignore tout de la force du sentiment d’appartenance des Bretons. Il faut être breton pour savoir ce que cela signifie pour eux. D’ou des articles et des prises de position très regrettables, notamment sur l’annexion de la Bretagne par la France, Anne de Bretagne, etc. Une écoute attentive des autres, une plus grande ouverture d’esprit, auraient permis d’éviter cela.

RICHARD Manuella, Plaidoyer pour la famille de Marie de Luxembourg …, in Actes du colloque  » Nantes et le pays nantais au moment de l’Edit de Nantes « , tenu à Nantes le 19 avril 1999, par la société archéologique de Nantes. Presque tous les articles de ce colloque sont éclairants.

– L’INFANTE ISABELLE D’ESPAGNE, fille de PHILIPPE II, roi d’Espagne. Avec le recul, on peut se demander, avec curiosité, pourquoi Philippe II, roi le plus puissant de la chrétienté, riche de nombreux royaumes, pays, en Europe, et d’un très vaste empire colonial, s’est intéressé à la Bretagne, et a voulu faire de sa fille une Duchesse de Bretagne.

Les raisons sont politiques. Pour s’en tenir au plan dynastique, Philippe II a épousé en troisième noces la princesse Elisabeth de France, fille du roi Henri II. Or, Henri II est le fils de la duchesse Claude de Bretagne. Sa fille, l’infante Isabelle Claire Eugénie, est donc la petite fille de Claude, et, partant, l’arrière petite fille d’Anne de Bretagne ! Elle est donc la descendante directe de la  » tige royalle de Bretagne « . Au moment de la guerre de la ligue, Henri III, frère de Henri II, n’ayant pas de descendant, la couronne de France doit revenir à Henri de Navarre (le futur Henri IV), protestant. Celui-ci est un Bourbon,  et n’est pas le descendant des Ducs de Bretagne. On sait parfaitement, en Espagne, par quels moyens la Bretagne a été envahie, et par quels moyens crapuleux elle a été annexée par François Ier. On est parfaitement au courant des contestations nombreuses que les parents et les descendants des ducs de Bretagne ont initié à l’encontre des rois de France, et des procès ou revendications de Jean II de Rohan, de René de Brosse-Bretagne, de Jean de Brosse-Bretagne, de Renée de Bretagne, de Marie de Luxembourg-Penthièvre … Pour les juristes et théologiens espagnols, LE PRETENDU TRAITE DE 1532 est juridiquement nul. Pour la cour espagnole, la Bretagne n’est en aucun cas un pays lointain et inconnu, mais un allié ancien et ami. Les Espagnols ont été FERMEMENT HOSTILES au mariage d’Anne de Bretagne avec Charles VIII (thèse de Pélicier, page  …); les Espagnols ont combattu à Saint-Aubin-du-Cormier contre la France; de surcroît, Maximilien d’Autriche, roi de Rome puis Empereur du Saint Empire, arrière grand père du roi Philippe II, a été marié à Anne de Bretagne, et a porté le titre de Duc de Bretagne jusqu’en 1494. C’est dire si l’on suit avec attention les affaires de Bretagne, et si on les connaît particulièrement bien. Pour l’Espagne,la Bretagne N’A JAMAIS FAIT PARTIE DU ROYAUME DE FRANCE; le prétendu traité de 1532 est nul. Les prétentions de l’infante Isabelle sont donc aussi logiques que celles des autres prétendants. En tout cas, les droits d’Isabelle sont sérieux, ceux de Henri IV, huguenot et Bourbon sont NULS.

Les armées espagnoles s’installent en plusieurs points stratégiques de Bretagne (Blavet, Crozon …). La guerre de la ligue se termine par la victoire de Henri IV. Les Espagnols quittent la Bretagne, pour ne plus y revenir.

Comme on le voit, l’éradication des prétendants au trône de Bretagne par les Français a été particulièrement laborieuse. Encore ne parlons nous pas ici du Vicomte de Rohan, ni de Jean de Chalon, fils de Catherine de Bretagne, cousin germain d’Anne de Bretagne, neveu du Duc François II, et héritier du trône breton jusqu’à la naissance de Claude de Bretagne, en 1499.

On a dit que la guerre de la Ligue n’a pas été, en Bretagne, une guerre séparatiste, les Bretons ayant seulement lutté pour la religion catholique. A notre avis, cela ne traduit qu’une partie de la vérité : à cette époque – comme aujourd’hui -, il existe en Bretagne un sentiment anti-français  extrêmement puissant; l’annexion de 1532 s’est produite deux générations seulement auparavant, ce qui est peu. (C’est à cette époque, il faut le rappeler, que d’Argentré révèle dans son Histoire de Bretagne que la prétendue  » réunion  » a été extorquée par des moyens qui font que le prétendu contrat est juridiquement nul). Ni Marie de Luxembourg, ni son mari le duc de Mercoeur, ni le roi Philippe II ne peuvent l’emporter en Bretagne, pour des raisons militaires, en face de la puissance de la royauté. Les Bretons se seraient volontiers débarrassés des Français, et auraient porté sur le trône leur propre souverain, s’ils l’avaient pu. Marie de Luxembourg aurait parfaitement fait l’affaire. Mais, instruits par les guerres et des malheurs passés, réalistes, ils ont adopté une position attentiste, et c’est sans joie qu’ils ont du accepter comme roi Henri IV, que rien ne rattachait à la dynastie princière de Bretagne, et qui, ni de près ni de loin, ne pouvait prétendre à rien en Bretagne, n’eut été la force de ses armées (les documents nous apprennent d’ailleurs qu’au début des évènements, il était prêt à renoncer à la Bretagne : Hervé Le Goff, page 85).

 …………………

Ainsi donc, il a fallu à la monarchie française PLUS D’UN SIECLE pour écarter les prétendants au trône de Bretagne, et non pas seulement deux mariages, qui n’ont rien réglé, pas davantage que le chiffon dénommé  » Traité d’Union  » … Le problème est bien loin d’être réglé.  Personne n’a jamais considéré que le Duché de Bretagne ait fait partie du royaume de France. De plus, on sait aujourd’hui qu’il n’y a pas eu de traité d’Union en 1532. La brutalité des  » révolutionnaires  » de 1789 a, si l’on peut dire, aggravé la situation : rien n’autorisait les furieux de Paris à supprimer les Institutions bretonnes, à y placer des gauleiters, et à la gouverner en  » direct « . La France n’est toujours pas chez elle en Bretagne; en droit international, elle est puissance occupante, RIEN DE PLUS. Pour la curiosité des lecteurs, il existe encore, en 2012, des prétendants au titre de Duc de Bretagne, qui apparaîtront peut être au jour lorsque la Bretagne sera redevenue souveraine.

Planiol, p. 5 et sv.;     12 et sv.

2 – LA DESTRUCTION DES FONCTIONS DE PREMIER MINISTRE – CHANCELIER. Pour bien comprendre la monstruosité que constitue ce nouveau tour de passe-passe, dont la France est familère, il faut se reporter à la défaite sanglante de la France par l’Allemagne, en 1940. L’Allemagne nazie aurait – sans doute – pu supprimer le gouvernement français et son chef : elle ne l’a pas osé, elle a laissé en place le maréchal Pétain, jusqu’à la fin de la guerre.

Ce que l’Allemagne nazie n’a pas osé faire, la FRANCE OSE LE FAIRE pour la Bretagne : dès le ….. les fonctions de premier ministre de Bretagne sont ABOLIES, c’est le chancelier français, Duprat, qui cumule les fonctions de chef des gouvernements français et breton (Morice …). La comparaison des deux situations comparables, lorsqu’on marque un arrêt pour en bien comprendre la portée, suscite une réaction d’HORREUR.

La Bretagne avait depuis des siècles possédé, comme las autres Etats, un gouvernement, dénommé le CONSEIL DUCAL. Le conseil était dirigé – comme dans les gouvernements actuels -, par un conseiller principal, qui faisait fonction, aux côtés du Duc, de  » Premier ministre « . …

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE.

Bonvallet, p. 81

MELENNEC Louis, Mémoire de DEA …

Morice,

Planiol, t.5, p. 43, 44

3 – LA DESTRUCTION DU GOUVERNEMENT BRETON (1552).

Non seulement il était concevable que les deux pays coexistassent géographiquement avec un roi unique et deux gouvernements différents (les pays de l’Europe actuelle ont mis sur pied des institutions communes, mais sont gouvernées selon les modalités appartenant à chacun d’entre eux, ainsi en Allemagne), mais encore, l’Edit de 1532 promettant d’une manière solennelle que rien dans les Institutions bretonnes ne changerait après cet édit, il était INIMAGINABLE que la France raye purement et simplement de ces institutions un organe aussi capital que le gouvernement. Sans souverain, sans gouvernement, UN PAYS N’EXISTE PLUS.

La France, maîtresse de tout, s’y prend avec habileté, perfidie et rapidité. Dans un premier temps, le Conseil ducal est dépouillé de toutes ses attributions gouvernementales …. Dans un second temps, le Conseil est supprimé, en 1552 (Planiol, page 44, t. 5). Que peut faire la Bretagne, sans Chef, sans armée ? RIEN (M. Le Drian n’est pas encore né !).

Le gouvernement a donc subsisté, à l’état de coquille vide, pendant VINGT ANS seulement ! N’ayant plus aucun moyen armé de donner des coups aux Français, les Bretons, malgré leurs protestations violentes, doivent s’incliner. Cette infamie est CITEE dans les livres d’histoire, mais non pas commentée (à l’exception de Planiol, de Bonvallet, et de votre serviteur). C’est pourtant une étape capitale dans l’histoire de l’assujettissement colonial de la Bretagne.

De 1940 à 1944, les Allemands, eux, n’oseront pas supprimer le gouvernement français, pas plus qu’ils n’ont osé supprimer le chef de l’Etat français.

Bonvallet, p. 81; Planiol, t 5, p. 43 et 44; Morice, Pr. III, 1032, 1034, 1062-1064.

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III – LA PRISE DE CONTRÔLE DE L’EXERCICE DES POUVOIRS SOUVERAINS DE L’ETAT BRETON PAR LE PAYS OCCUPANT.

Dans l’Edit proclamé en août 1532, la France prend des engagements péremptoires : TOUT dans le Duché, fonctionnera comme du temps des ducs, DANS TOUS LES DOMAINES.

Nous avons vu ci-dessus que la France, en détruisant la dynastie, en supprimant les fonctions de Premier ministre-chancelier, en supprimant le gouvernement, rend impossible le fonctionnement de l’Etat  …  Très rapidement, le colonisateur s’empare de TOUS les pouvoirs étatiques, contrôlant d’une manière draconienne leur exercice, qui appartenait aux BRETONS SEULS, ET A EUX SEULEMENT, avant que la prédateur envahisse le Pays.

A – LE POUVOIR LEGISLATIF. LES ETATS DE BRETAGNE : la réduction drastique de leurs prérogatives.

Dans tous les pays du monde, de l’origine à nos jours, le schéma des ” institutions ” par lesquelles la communauté concernée se gouverne, comporte au moins deux ” étages “, irremplaçables : le Chef; son conseil, qui tient lieu de ce qu’on dénomme aujourd’hui le « gouvernement ». Souvent, une ” Assemblée ” plus ou moins vaste complète l’édifice.Le gouvernement est d’autant mieux conduit qu’il y a équilibre et collaboration vraie entre le souverain et le conseil, à plus forte raison entre le souverain, le conseil, l’assemblée.

La Bretagne a construit peu à peu ses institutions, comme les autres pays. Le Duc-roi est reconnu dès le 9 ème siècle. Il a toujours eu des conseillers, un conseiller principal – le Chancelier, dénommé premier ministre dans les Etats modernes -, une assemblée. Le Parlement apparaît dans les textes dès le 11 ème siècle.  Dès cette époque, les trois rouages principaux sont attestés (le Souverain; le Conseil ducal; le Parlement général).

Avant les invasions françaises, globalement, le système fonctionne bien : le Duc impulse, commande parfois, le conseil conseille et gouverne, le Parlement général contrôle, critique, et est associé à TOUTES les décisions importantes (avec des exceptions, bien entendu). L’action gouvernementale est coordonnée et dirigée, le plus souvent, par le Chancelier, qui est l’équivalent des premiers ministres actuels. Les pouvoirs sont équilibrés…….Nous avons répété maintes fois – comme tous les auteurs dignes de crédit (Planiol, Bonvallet, Lobineau, Morice, Dupuy …..) combien exemplaire a été le rôle du ” Parlement Général de Bretaigne ” sous la monarchie ducale. Réunis, tous les deux ans par le commandement du souverain et du gouvernement bretons. La présence des députés, fait remarquable, est obligatoire. Le Parlement vote les impôts, les lois, et est associé à toutes les décisions importantes prises par le Duché (la paix, la guerre, les Traités, les mariages princiers ..).

La France, en publiant un Edit en 1532 – Edit qualifié à tort de ” Traité d’Union ”  …, puissance occupante – rien d’autre, au plan juridique -, concède à la Bretagne dont elle s’est emparée, malgré tout, une sorte de ” statut”. Ce n’est certes pas un ” contrat ” – car il n’y a eu AUCUNE NEGOCIATION FRANCO – BRETONNE -, mais les Bretons vont se servir de cet édit, qui proclame et garantit leurs droits, prérogatives et « liberté » d’une manière solennelle comme d’un bouclier protecteur, avec, il faut le dire, une habileté exceptionnelle, à tout propos, à tout moment, chaque année, chaque mois, chaque jour, pendant 257 ans, jusqu’à l’écrasement de 1789 (Planiol, ….; A. Le MOY, Remontrances du Parlement de Bretagne, Champion, Paris, 1909; Bonvallet Yves, Des contraventions au ” traité ” d’union, Tepac, Paris, 1942). C’est merveille de voir l’acharnement incroyable, l’obstination inouïe dont ils font preuve, sans jamais se lasser, sauf lorsqu’on leur envoie les armées françaises pour en tuer quelques milliers, comme en 1675).

Ici encore, décennie après décennie, la France viole TOUS LES ENGAGEMENTS qu’elle a solennellement pris et proclamés dans le fameux édit de 1532, et met en place ses pions, tous français dans les grands postes, collabos notoires dans les fonctions subalternes, moyennant pour ceux-ci ce par quoi on asservit ceux qui ont vocation à l’être : des titres, des terres, des seigneuries, de l’argent, des pensions ……

B – LA JUSTICE.

Au fil des générations, des  » réformes  » imposées de l’étranger, par le roi de France, modifient et assujettissent peu à peu la Justice bretonne. Malgré cela, jusqu’en 1789, le Parlement  va constituer, dans une lutte sans fin, un obstacle déterminé et continu aux empiètements français, parallèlement à la résistance féroce des Etats de Bretagne, avec lesquels les magistrats sont souvent en conflit ouvert.

(En cours de rédaction).

1 – LA DECHEANCE SYMBOLIQUE DU PARLEMENT, privé de son titre officiel.

2 – L’INTRODUCTION DE FRANCAIS DANS LE CORPS DES MAGISTRATS DU PARLEMENT.

3 – L’HUMILIATION DU PARLEMENT PAR L’ATTRIBUTION DE PRIVILEGES AUX MAGISTRATS COLONIAUX FRANCAIS.

 4 – L’ASSUJETTISSEMENT PROGRESSIF DE LA JUSTICE BRETONNE A LA JUSTICE ET AU DROIT FRANCAIS : l’appel; la réforme de la coutume; les jugements rendus par les magistrats français.

5 – LA VIOLENCE EXERCEE CONTRE LE PARLEMENT PAR  LE PAYS OCCUPANT. Les arrestations de magistrats, la concussion, les exils du Parlement …..

(Cette étude sera complétée).

……………………….

C L’ADMINISTRATION – LA NOMINATION DE GOUVERNEURS ETRANGERS EN BRETAGNE.

Comme toutes les colonisateurs du monde et de l’histoire, la France installe en Bretagne des ” gouverneurs “. Il s’agit, en fait, de ce que l’on nommera beaucoup plus tard des ” Gauleiters ” ( le mot gauleiter signifie ” gouverneur “, des racines Leiter : chef, et Gau : pays).

Au début, tant que la Bretagne vit encore sur le souvenir très vif de son indépendance passée – de 1491 à 1498, durée du bref mariage d’Anne de Bretagne avec Charles VIII, roi de France – et qu’il s’agit de la faire tomber dans l’escarcelle des Capétiens-Valois, il s’agit de franco-bretons, collaborateurs notoires, acquis aux Français. Mais celà dure peu : à partir de la mort de la Duchesse Claude, en 1524, puis de l’annexion de 1532, les Bretons ne sont plus du tout nécessaires dans ces fonctions, car il s’agit, maintenant, de faire plier l’échine de ces êtres fiers et rebelles (on n’a pas encore osé imaginer la diabolique invention de ” Conseil régional “, qui plie sans qu’on lui demande rien) : TOUS CES GOUVERNEURS-GAULEITERS SONT FRANCAIS. Comme dans toutes les colonies françaises d’Afrique, d’Asie, d’Amérique, etc. : c’est la loi du genre, elle est universelle pour toutes les colonies du monde. Quelques-uns descendent – plutôt moins que plus – des anciens ducs de Bretagne. Pour autant, ce sont des français bon-teint, qui doivent tout à la couronne de France, et qui sont des négociateurs habiles pour arrondir leur considérable magot, n’ayant aucune velléité de déplaire à leurs maîtres les rois de France, ni de perdre les avantages et prébendes que leur valent leur cupidité et leur honteuse soumision

LE HAUT CLERGE, NOMME PAR LES FRANCAIS, LEVIER PUISSANT DE LA COLONISATION.LA PRISE DE POSSESSION DES NOMINATIONS DES EVÊQUES, DES ABBES, DES NOMINATIONS AUX BENEFICES.

Si le ” bas-clergé ” de Bretagne a toujours été – globalement -, résolument breton – ceci jusqu’au 20 ème siècle -, le ” haut-clergé ” a toujours été non pas pro-français, mais FRANCAIS, très rapidement après la mort d’Anne de Bretagne.

Les gouvernements ducaux avaient veillé, jalousement, à ne nommer ou à ne laisser nommer en Bretagne – sauf à de rares exceptions -, que des Bretons. L’Edit de 1532, dénommé fallacieusement ” Traité de réunion “, par lequel la France s’oblige à ne nommer en Bretagne en qualité d’évêques et d’abbés que des ” originaires “, est honteusement violé, jusqu’en 1789 : ne sont nommés évêques et abbés en Bretagne QUE DES FRANCAIS, à quelques exceptions près (thèse de Yves Bonvallet, page 212). Choisis par faveur dans l’entourage du roi français, de ses ministres, et des personnages influents de la Cour, ces évêques sont des agents puissants de la colonisation : ils sont maîtres des promotions et des fortunes du clergé local dans leurs diocèses, agents de renseignement; ils veillent à la ” conformité ” des prêches du dimanche aux ” masses populaires “, en faveur de leur Maître le roi des Français; ils font peser lourdement, par le magistère dont ils sont chargés, une pression intellectuelle ininterrompue sur leur entourage, à laquelle il est impossible de se soustraire; leurs manières déliées, raffinées, apprises dans les familles dont ils sont issus et des milieux gouvernementaux qu’ils fréquentent, renvoient sans cesse aux Bretons leur image négative de ploucs provinciaux, car c’est désormais le seul rôle qu’ils sont autorisés à jouer. Le ” maillage ” en faveur du pouvoir étranger, s’étend au bas clergé, par le canal de l’évêque : les recteurs de paroisses, dont le rôle augmente au 18 ème siècle, lit les principaux textes émanant du gouvernement de Versailles à la messe du dimanche, est chargé de faire des enquêtes (individuelles ou sur des sujets plus vastes), les transmets à sa hiérarchie, etc. il diffuse ” la bonne parole ” du roi de Versailles, fait prier pour lui chaque fois que nécessaire, et, écrit Quéniart, est un ” informateur “, une manière d’espion, en quelque sorte.( La Bretagne au 18 ème siècle, Rennes, Editions Ouest-France, 2004, page 213). Ce point est connu, mais à notre connaissance encore peu développé dans les publications historiques : magnifique sujet de thèse pour notre Université, lorsqu’elle sera redevenue bretonne !

 Planiol, p. 44 et sv.

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IV – L’EXPLOITATION DES RICHESSES BRETONNES AU BENEFICE DE L’ETAT COLONIAL.

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L’APPAUVRISSEMENT PROGRESSIF DE LA BRETAGNE.

Ce phénomène est encore imparfaitement connu, des Bretons, même si les thèses publiées sont énormes, et déja très suffisantes ( Bonvallet, Planiol, Rébillon, Moy, etc.). Les causes du dépérissement de la Bretagne, à partir du règne effectif de Louis XIV sont multiples.

La Bretagne, exploitée comme une ferme, perd le principal de sa liberté de commercer avec ses alliés traditionnels (toiles, sel, vin ..) … Elle s’appauvrit progressivement, et perd sous la puissance colonisatrice, tout son dynamisme …

Un auteur connu pour son travail de dénigrement de la Bretagne (Alain CROIX, avec qui j’eus, au début de mes réflexions sur ce grave problème, dont je ne comprenais pas encore la cause; cf sa responsabilité dans la catastrophique exposition au château ducal de Nantes, m’expliqua (au téléphone), qu’après une période brillante, la Bretagne a connu une déchéance dont elle est à la fois la cause et l’effet. Cet auteur m’expliqua que, alors que des puissances commerciales se manifestaient avec force en différents points de l’Europe(l’Angleterre, la Holande, le Portugal …), la Bretagne, devenue incapable de faire face à ce défi, N’A PAS SU PRENDRE LE TOURNANT, et triompher de ses concurrents.

En réalité, si l’on se place délibérément dans l’optique de l’histoire des pays, des nations, du mécanisme de fonctionnement des sociétés, la cause du dépérissement progressif de la Bretagne n’est que trop clair : il porte un nom : LA FRANCE, et ses actions maléfiques.

– La première cause est l’anéantissement de l’appareil d’Etat de la Bretagne. Une nation qui perd son souverain, son premier ministre, son gouvernement, N’EST PLUS RIEN. Un pays, c’est un cheval conduit par un cavalier : le cavalier figure le souverain et son gouvernement, le cheval, c’est le pays dans toutes ses composantes. Après la mort d’Anne de Bretagne, le pays n’est plus gouverné, et, dès lors, n’a plus de projet national.

– La seconde est le drainage des ressources fiscales bretonnes vers le gouvernement étranger de Versailles. Certes, du temps des Ducs, les prélèvements fiscaux au bénéfice de la cour étaient importants (un tiers environ des impôts). Mais cet argent ne quittait pas le pays. Le duc, dont le train était royal et fastueux, redistribuait cet argent à son entourage, ses officiers, ses serviteurs, aux corps de métiers qui travaillaient à son service. Une partie importante était redistribuée à ses vassaux, sous la forme de pensions et de rétributions de différentes sortes, qui en faisaient usage de la même manière. …

…………..

– LA VAMPIRISATION DES FINANCES BRETONNES. Des universitaires éminents ont poussé leurs recherches, dans ce domaine, fort loin. Il n’est pas question de reprendre ici ce qu’ils ont écrit, qui remplit d’épais volumes : on est donc, d’ores et déjà, très bien renseigné, même si de nouvelles thèses sont à écrire, lorsque les circonstances le permettront. Il s’agit seulement de fournir quelques chiffres, sauf à se perdre dans le marécage des vols et des détournements opérés aux dépens de la Bretagne, de 1514 (mort d’Anne de Bretagne) à 1789. Ceux qui voudront compléter leur information auront les moyens de le faire. …….

Certes, une partie de l’argent récolté par les impôts directs ou indirects reste en Bretagne. Notamment les fortes ” pensions ” versées aux ” grandes familles ” (prélevées sur les deniers bretons, bien entendu), comme nous l’avons dit, que l’on tient ainsi en état de ” docilité ” permanente …

Bonvallet, p. 99

– LA QUASI-RUINE DU COMMERCE INTERNATIONAL BRETON. Des obstacles quasi insurmontables, des restrictions de toutes natures sont mis en place pour empêcher la Bretagne de commercer avec les autres pays d’Europe. C’est un phénomène archi-connu de la colonisation : le pays conquis, n’ayant plus d’ambassadeurs, ni de vie internationale, devient la proie économique du colonisateur : les frontières, devenues celles de l’occupant, le colonisé étant privé de son gouvernement et de son Souverain, interdit de conclure le moindre traité international, militaire, commercial, passe sous la totale dépendance du pays qui s’est emparé de lui …….

– LA CREATION DE FONCTIONNAIRES INUTILES, dont les postes sont VENDUS par la monarchie française, pour se procurer des ressources. Ce chapître revêt une importance particulière, comme particulièrement démonstratif de l’exploitation éhontée de la Bretagne par la France.

La ” vénalité des charges ” a été l’une des grandes plaies du régime monarchique français. Elle n’existait pratiquement pas sous le régime ducal. Elle a été développée sur une grande échelle par François I er, mari de la Duchesse Claude fille d’Anne et de Louis XII, roi absolu, particulièrement dépensier, aussi peu préoccupé que possible des intérêts de ses sujets, et particulièrement incompétent, également, dans la gestion des affaires de l’Etat.  La vénalité des charges désigne le système qui consiste, pour l’autorité étatique (le roi ou son gouvernement), à créer une charge publique (de juge, de procureur, de percepteur d’impôts ou de droits divers, de contrôleur …), de la vendre à un particulier, moyennant le versement d’un certaine somme d’argent, au bénéfice des finances royales. Bien entendu, le fonctionnaire titulaire de sa charge se ” rembourse ” sur ceux qu’il juge, administre ou contrôle, avec les abus qu’on imagine.

S’il est exact que la création, en quantité, d’officiers ( = on dirait aujourdh’ui : de fonctionnaires) par le gouvernement français), dans le but de les VENDRE à leurs futurs titulaires, à charge pour eux de se rembourser sur la bête ( = le Breton de base), n’est pas le mécanisme qui a permis de soutirer le plus d’argent aux contribuables bretons, elle est, de loin, la plus scandaleuse, comme permettant de voir à nu, sans détours, de quelle manière la Bretagne a été victime de BANDITISME et d’ ESCROQUERIE.

La mécanique n’est même pas ingénieuse. Elle fonctionne de la manière que je vais exposer……

Les bureaux royaux, puis ceux de Versailles, sans cesse à court d’argent, en raisons des dépenses somptuaires de la cour, des guerres incessantes, ” peaufinent ” peu à peu la technique que voici : en violation voulue,  sue, et connue par eux des dispositions de l’Edit de 1532, ils créent un nombre élevé de charges de fonctionnaires en Bretagne, à seule fin d’extorquer du pays des fonds qu’il ne doit pas, car c’est aux Etats que revient de créer les charges utiles, en aucun cas au roi de France. La mécanique est infernale, car les charges créés NE REPONDENT A AUCUN BESOIN. Sont ainsi créées, notamment, les fonctions fantaisistes que voici (la lite est illimitée, nous ne faisons que citer quelques exemples) : …..

Dire que les Bretons sont furieux, est en dessous de la réalité : ils sont furibonds. En ce temps là, l’orgueil Bretons, déjà célèbre sous les Francs (cf. le poème en l’honneur de Louis le pieux),  est intact : on ne plie pas, on ne cède pas, on n’a pas encore appris à ramper.

Parmi d’autres répliques, voici ce que les Etats de Bretagne écrivent au roi de France (Planiol, tome 5, page 105, note 59) (Je traduis en français moderne, pour rien du suc de ce texte n’échappe au lecteur contemporain) :

” Nous nous sommes engagés, par un contrat du mois de février 1583 ……….

On est dans le domaine de l’extorsion de fonds, voulue, faite en connaissance de cause, aux dépens de la Bretagne.

Tout ceci n’est rien : Bonvallet a écrit une thèse épaisse sur les extorsions de toutes natures dont la Bretagne est victime, de 1532 à 1789. Planiol énonce – avec indignation ……

 – L’ACCAPAREMENT, PAR LA PUISSANCE COLONIALE, DES TALENTS ET DES FORCES HUMAINES A SON PROFIT. L’émigration forcée vers la France.

Les Bretons étaient, il est vrai,  attirés par la France, qui, de tous temps, avait drainé des immigrés de nationalités diverses. En aucun cas parce qu’ils aspiraient à devenir français : la France, à l’époque plus développée que les contrées voisines, offrait à nombre de Bretons des possibilités variées pour survivre. Mais pas davantage qu’aujourd’hui l’Angleterre, le Canada, la Suisse, les Etats Unis d’Amérique.

Une fois la Bretagne occupée, à partir de 1491, le phénomène prend une toute autre ampleur. La cour ducale, qui était un centre économique important, n’existe plus. Elle drainait à elle seule un tiers des prélèvements fiscaux du pays (Kerhervé, Le PAGE …), employant un grand nombre de personnes, distribuant des pensions, impulsant la vie artistique, culturelle, architecturale  du pays.

– Les nobles, l’armée bretonne ayant disparu, n’ont pas d’autres solutions que de s’employer dans les armées française, les soldats bretons sont utilisés sur les champs de bataille français, et dans les guerres de la France … Pour les nobles, dont la vocation naturelle est de servir dans les armées, la Bretagne n’offre plus aucune possibilité de carrière militaire ……… Ils apparaissent donc, dès 1515, un an seulement après la mort d’Anne, aux côtés du roi de France François Ier, dans les guerres d’Italie, en particulier le Maréchal de Bretagne …

La France, puissance agressive, expansionniste, est presque tout le temps en guerre, malgré les condamnations périodiques du haut clergé (Bossuet, Fénelon …)……

– Les marins bretons détournés de la Bretagne au profit de la France. La France est fort peu douée sur ce plan dans la conquête de l’Empire maritime. La vie maritime de la France se concentre en des points très limités. De 1680 à 1850 environ, le nombre de matelots oscille entre 20 000 à 50 000. Mais cet effectif est représenté à hauteur D’UN TIERS par des Bretons ! Au 15 ème siècle, les registres portuaires de Hollandes démontrent que, certains années, le trafic portuaire est assuré, à hauteur de 80 pour cent par la Bretagne et sa flotte. De 1650 à 1792, les effectifs de marins proviennent, pour UN TIERS, de Bretagne !!!!! ( Jean Meyer, in Histoire de la France coloniale, Collin, collection Pocket, 1991, tome 1, page 14). Cette situation s’est perpétrée, aux dépens de la Bretagne jusqu’en 2010 ! L’incompétence, l’impéritie, la sottise de l’Etat français dans la gestion de la marine bretonne est la cause de conflits violents, ET JUSTIFIES.

– Le sacrifice des soldats bretons au service du colonisateur.

Le fait est que la Bretagne, quant à elle, a ” tiré ” un TRES MAUVAIS numéro. Les Gallois, et surtout les Ecossais, ont été traités avec des égards infiniment plus élevés que ceux dont la France, état absolutiste puissant, mais humainement inférieur.  Si elle avait tiré UN SEUL AVANTAGE de la présence française, il serait indispensable de le dire. Ce n’est pas le cas. Il est plus impératif encore de l’écrire, et de le faire savoir.

 VI – LA COLONISATION DES CERVEAUX.  LE DECERVELAGE, OU NEVROSE D’ACCULTURATION. LA BRETAGNE SOUS ADMINISTRATION DU PAYS DES DROITS DE L’HOMME : UN VASTE CAMP DE REEDUCATION, ou l’on essaie de transformer des ploucs en hommes – version française.

L’étude des névroses collectives a été induite, en particulier, par les sociologues et les historiens qui se sont penchés sur les dégâts mentaux induits par l’acculturation forcée des populations Amérindiennes par les Espagnols. Cette pathologie concerne un grand nombre de nations, jadis libres.

 Sous la monarchie capétienne, jusqu’en 1789, les Bretons sont fiers de leurs origines et de leur histoire. La littérature en donne des exemples éclatants. Tout change à partir de la révolution dite  » des droits de l’homme « . Une phénoménale pression est progressivement exercée sur ce peuple, sans discontinuer, jusqu’en 1950-1960. C’est un véritable terrorisme d’Etat, une vaste entreprise disciplinaire, auxquels la nation bretonne toute entière est soumise durant cette période. La  » francisation  » de la Bretagne est à base d’une répression terrible, qui s’exerce sur les cerveaux.

Dans ce grand lessivage des cerveaux, l’école obligatoire de Jules FERRY, colonialiste bon teint, théoricien des races supérieures et des races inférieures, les secondes ayant vocation naturelle à être  » éduquées  » par les premières – dans leur intérêt, bien entendu, qui se confond avec celui de l’humanité entière, joue un rôle fondamental.

 Sous l’effet de la pression colossale qui est exercée par l’Etat colonial, l’administration mise en place par lui, l’école, les instituteurs, les professeurs, les journaux,les livres, les moyens de communication, les parents eux mêmes, tant par le non dit que par ce qui est suggéré ou explicitement exprimé, l’enfant se met à détester tout ce qui lui rappelle l’infériorité de sa condition : ce patois hideux que parlent ses parents et son entourage, ces costumes de ploucs et ces coiffes d’un autre âge, ces moeurs résolument vulgaires, les tournures bretonnisantes qui infectent le beau langage français, qu’on lui présente comme étant le modèle universel. Psychologiquement, il n’est RIEN, il le sait, il intériorise le modèle mauvais forgé de toutes pièces par le colonisateur. La névrose d’acculturation est à base de honte de soi.

 Le phénomène diffuse, et gagne tout l’entourage. Les grands parents, qui ne parlent ni ne comprennent le français – dans les campagnes en tous cas -, sont mis à l’écart, on ne leur parle pas : ce sont des ploucs, on se gausse de leur maladresse et de leur timidité, on ne voudrait certes pas leur ressembler. Un fossé culturel se crée entre les générations : les jeunes, élevés dans la civilisation qu’on croit belle du colonisateur; les vieux, qui paraissent pitoyables et arriérés. Celà peut aller très loin : on a vu,dans les lycées et collèges, des enfants avoir honte de rencontrer au parloir leur propre mère, à cause de son accent rocailleux, de sa coiffe en dentelles, de son habitus de femme plouque, et prétexter l’étude ou le travail pour ne pas montrer ce spectacle à ses camarades.

 Au niveau individuel, les dégâts sont considérables. Les Bretons de ces générations  sont à l’image de ce qu’on été les juifs pendant des millénaires, les colonisés, les esclaves :  timides, honteux d’eux mêmes, des êtres convaincus de leur infériorité native. Au niveau de la nation, c’est pire : celle-ci, jadis conquérante et glorieuse, est désormais honteuse d’elle même. Une première rupture s’était produite après les invasions de 1487 et 1491. La deuxième, créée par les malades mentaux de Paris, dans le sillage de la révolution dite  » des droits de l’homme  » est infiniment plus terrible. Convaincus de leur infériorité génétique, certains bretons vont jusqu’à collaborer – en toute bonne foi – avec l’occupant français, pour « désincruster » ce qui reste des moeurs dont on est convaincu qu’elles sont préhistoriques. La créativité s’étiole au niveau collectif, la nation ne produit plus rien : la « ploukisation » devient effective; les natifs, guère en situation de comprendre ni d’analyser ce qui leur arrive, comme les esclaves élevés dans une situation qu’on leur a appris à accepter, accompagnent ou précèdent le mouvement sans le critiquer.

Bibliographie sommaire.

BROUDIC Fanch, L’interdiction du breton en 1902, Spézet , éditions Coop Breizh, 1997. Ouvrage très important. La fureur anti-bretonne en France atteint des sommets vertigineux.

CARRER Philippe, Ethnopsychiatrie en Bretagne, Spézet, éditions Coop Breizh, 2007.

MANNONI Pierre, La psychopathologie collective, Paris, collection Que-sais-je, pages 13 et suivantes.

MELENNEC Louis, Le syndrome breton, Agence Bretagne Presse (ABP), 9 1 2009.

MEMMI Albert, Portrait d’un juif, Paris Gallimard, collection idées, 1962. Ouvrage majeur, à lire absolument.

MEMMI Albert, Portrait du colonisé,

VII – LES COLLABOS BRETONS. DU BON USAGE DES MOTS  » COLLABOS  » ET  » KAPOS « .

Hélas, nous sommes logés à la même enseigne que le reste de l’humanité sur ce point. Les collabos (et les Kapos) bretons, ont été, comme ailleurs, aussi nombreux qu’aussi vils et rampants.

Les collabos actuels sont connus. Il ne servirait à rien de citer leurs noms,sauf à compromettre l’action de salubrité publique et de vérité que nous réalisons ici.

Beaucoup de gens pensent que la collaboration est un genre spécifique, apparu sous la seconde guerre mondiale, ne concernant que les Français qui ont apporté, à des degrés divers, leur concours aux autorités allemandes d’occupation.

Il n’en est rien. De même que j’ai démontré ici que les Nations existent non seulement depuis la plus haute antiquité – et même depuis que les hommes vivent en groupe antagonistes, opposés inéluctablement par des conflits et des contentieux -, de même que j’ai rappelé, en accord avec tous les spécialistes de la discipline, que l’histoire des Droits de l’homme commence avec la vie en société (les premières traces écrites se retrouvent dans le Code d’Hammourabi; voir ce terme dans Internet) – ce qui a pour effet d’exclure la France des pays autorisés à se prévaloir du moindre rôle fondateur dans cette matière -, de même les phénomènes de ” collaboration ” – non encore, certes désignés par ce terme -, se confondent avec l’histoire de l’humanité. Ce phénomène est simple : lorsque le pays envahisseur et occupant, ne détruit pas en totalité les populations locales – ce qui est la règle -, il a évidemment besoin de ” complices ” issus de cette population pour la gouverner, la maîtriser, l’exploiter…

Ceux qui ont suivi nos publications ont assisté à un transfert – pensé et voulu – du contenu du terme ” collaborateur “, d’une catégorie de personnes à une autre catégorie, bien spécifique. Pendant plus de cinquante ans, au prix d’une manipulation éhontée, les Bretons ont été désignés, DANS LEUR ENSEMBLE, comme les successeurs des quelques centaines de malheureux qui se sont tournés vers l’Allemagne, durant la dernière guerre.

D’ou ces propos imbéciles, tenus récemment par deux débiles parisiens : ” Derrière tout breton, je vois l’ombre d’un nazi “, et, au moment de la révision de l’article 2 de la constitution (française), cet infortuné de l’esprit, admirateur de l’action civilisatrice de la Chine au Tibet, pays martyre : ” je ne voterai pas la réforme proposée : LE BRETON EST LA LANGUE DE LA COLLABORATION ” (!!!!).

Aujourd’hui, le terme “collaborateurs” est en voie de terminer sa mutation : maintenant que l’histoire du pays est connue, les collaborateurs sont ceux qui rampent devant ceux à qui ils doivent leurs carrières hors de Bretagne, les autres sont devenus ce qu’ils sont : des Bretons patriotes. Le mot nationalisme a retrouvé sa vraie signification : le nationaliste breton est celui qui a conscience d’appartenir à un peuple spécifique, qui connait l’antiquité de ce peuple, qui est fier de son identité et l’assume pleinement, sans cesser d’être ouvert aux autres nations, cultures et identités, celles-ci méritant autant de respect que celui qui est dû à la Bretagne, et étant source d’enrichissement de l’humanité, non de rejet ou de dégoût. (Font exception : les cultures, sectes, religions ou autres qui prônent la destruction des autres, et, ouvertement, de les TUER).

(A écouter, réécouter : LA BRETAGNE ASSASSINEE, sur ” Lumière 101 “).

…….. (A suivre)……

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LES EFFROYABLES RESULTATS DE LA COLONISATION DE LA BRETAGNE PAR LA FRANCE.

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Comme on le voit, tous les critères de ce que l’on nomme la COLONISATION sont présents en Bretagne.

La résistance à cette appellation réside, pour ceux qui y réfléchissent, dans l’humiliation d’avouer et de reconnaître que leur pays a été envahi et soumis. Leur fierté farouche s’oppose à un tel aveu. Il est plus rassurant, pour les Bretons, de se dire que leur pays n’a jamais été vaincu, qu’il a traité en puissance souveraine avec un pays souverain, et que c’est de leur propre volonté qu’ils ont accepté leur sort. Au Maroc, j’ai souvent entendu des raisonnements analogues :  » Le Maroc n’a jamais été colonisé, il a seulement été un PROTECTORAT « .

Or, cela est FAUX : la Bretagne a été vaincue au moins à deux reprises à la fin du 15ème siècle, elle a été envahie et annexée, ELLE N’A JAMAIS ETE CONSULTEE SUR SON ANNEXION, il n’y a jamais eu de  » contrat  » entre la Bretagne et la France en 1532. De même, ce que l’on dénomme  » protectorat  » n’est qu’une forme de colonisation, rien d’autre. Ce n’est pas en niant la vérité que l’on sort d’une situation humiliante.

Quels ont été – et sont encore – les effets de cette colonisation ?

 1 – LA DISPARITION DE LA SCENE INTERNATIONALE. L’ANEANTISSEMENT DE LA BRETAGNE, PUISSANCE SOUVERAINE ET RESPECTEE.

 Le plus douloureux, sans doute, est la disparition TOTALE de la Bretagne, après 1532, de la scène internationale.

Tout prédestinait le Duché souverain, lorsque l’invasion de 1491 a été perpétrée, à devenir une vraie puissance internationale, comme les sont devenus les pays européens de même étendue, pourtant géographiquement et humainement moins favorisés, comme le Portugal, plus tard la Hollande ….. la Belgique, ces pays étant devenus de grandes puissances coloniales.

Tout au long des 14 ème et 15 ème siècles, la Bretagne est l’une des puissances européennes les plus importantes, se situant quasi immédiatement après la France (bien mal en point, d’ailleurs, menacée de disparition totale à plusieurs reprises, notamment pendant la guerre dite ” de cent ans “) et l’Angleterre (4 millions d’habitants; Bretagne 1, 5 million). Après la disparition des Etats de Bourgogne (en 1477), peut-être est-elle la troisième ou la quatrième puissance d’Europe. Pays (relativement) vaste pour l’époque – compte tenu de l’exigüité des cités, des Etats, des principautés du temps (plus de 300 dans le seul Saint Empire Romain Germanique !) -, pourvu d’un littoral maritime considérable, d’une flotte qui se situe aux tous premiers rangs, derrière l’Angleterre, elle est en droit, par le caractère évolué de ses institutions, sa situation exceptionnelle, son fort potentiel d’expansion économique, de devenir une grande puissance. Elégoët a écrit – ce que je dis aussi depuis très longtemps -, qu’elle aurait du avoir un destin international aussi brillant que le Portugal, beaucoup moins peuplé (800 000 habitants, 1,5 million pour la Bretagne), infiniment moins puissant. L’invasion française, la subordination du pays, ont empêché la Bretagne de connaître son destin MONDIAL. C’est une catastrophe incommensurable, et malheureusement irréparable.

2 – LA SUPPRESSION DE L’APPAREIL D’ETAT PAR LE COLONISATEUR. Comme Planiol et d’autres auteurs, je répète qu’au moment de son invasion, la Bretagne jouit d’un régime politique évolué pour l’époque, au même titre que l’Angleterre, et plusieurs pays du nord de l’Europe. Les Institutions sont complètes (Souverain, premier ministre, gouvernement, parlement), et fonctionnent d’une manière harmonieuse. Chaque génération apporte des progrès dans le fonctionnement de l’Etat breton, tandis, qu’au contraire, en France, à partir de Louis XI et de François I er, le régime devient de plus en plus absolu, au point que toute l’autorité souveraine réside dans les mains du monarque, avec les abus immenses que cette situation provoque. Au moment de son annexion, la Bretagne, privée de sa monarchie constitutionnelle (la constitution existe, bien entendu, mais elle est coutumière) et de son régime réprésentatif opère une REGRESSION POLITIQUE DE PLUSIEURS SIECLES. La vocation de la Bretagne, comme l’Angleterre et les monarchies nordiques, était d’évoluer lentement vers la démocratie.

3 – LA SOUMISSION DU PERSONNEL POLITIQUE, PAR CLIENTELISATION. LA PRESENCE DE GOUVERNEURS ETRANGERS EN BRETAGNE.

En 2010, le pays reste une colonie : les ” parlementaires ” sont pré-désignés par les états-majors des grands partis français, et leur sont entièrement soumis, leur sort en dépendant ENTIEREMENT; l’institution dénommée ” conseil régional ” ne possède aucun pouvoir effectif, aucun budget digne de ce nom, et ne mène aucune politique réellement bretonne, son rôle étant purement figuratif..

Les préfets (de Nantes, de Vannes, de quimper, de Rennes, de Saint-Brieuc), ont remplacé les gouverneurs (civils, c’est à dire les ” Intendants “); TOUS SONT FRANCAIS; aucun ne parle breton, tous sont impliqués dans la politique d’éradication de notre principale langue nationale : ce sont d’authentiques GAULEITERS; les Bretons, selon la république coloniale, seraient trop dangereux dans ces fonctions. Le monde ” politique ” breton se tait : petit doigt sur la couture du pantalon, telle est sa devise (la même que celle du capitaine Haddock : ” BOTUS ET MOUCHE COUSUE “). D’où ce mépris général et colossal à l’égard de cette classe politique étroitement contrôlée, les populations n’étant pas dupes, malgré leur réputation de naïveté. La démocratie n’est même pas en vue, dans l’état actuel de la colonie bretonne.

En 2010, la Bretagne n’est toujours à peu près rien, si l’on considère le potentiel humain, maritime, économique, qui est le sien, et qu’un gouvernement confié à des hommes intelligents, dévoués à la cause nationale. Sait-on que la Suisse, qui a une superficie équivalente, qui n’a aucun littoral maritime, aucune flotte, des capacités créatives moindres, gère PEUT-ETRE LA MOITIE DES ACTIFS FINANCIERS DE LA PLANETE ? Rien n’empêche la Bretagne, entre autres activités, de recentrer son énergie sur la finance internationale, la gestion des fortunes, l’informatique …. Fournissant près d’un quart de la production agricole de l’ ” hexagone “, il n’est pas absurde – à condition d’être gouvernée par des gens capables, éduqués à ne plus se vomir dessus et à s’arracher leurs multiples chignons, pourquoi pas les grands créateurs d’emplois et de richesses que sont les Bolloré, les Pinault, les Rocher, si faible que soit la sympathie qu’ils inspirent -, qu’elle devienne une sorte de ” Silicon Valley ” de l’Europe…. ?

 Aucune fonction importante n’est confiée à quiconque en Bretagne, à moins d’appartenir à ce système bien huilé, parfaitement contrôlé depuis Paris. La Bretagne n’est pas même dirigée par une caste : il y a bien une caste bretonne; mais elle ne joue que le rôle d’une courroie de transmission, aussi peu glorieux que possible. Tout est verrouillé du dehors. Le tout sous couvert d’une ” religion nationale ” française simpliste, à base de principes creux, dépourvus d’effets, au rang desquels la prétendue égalité des citoyens devant la loi et devant les charges publiques….

Il n’y a pas de débat politique en Bretagne, mais DES JEUX DU CIRQUE, se déroulant périodiquement devant la galerie, avec une régularité pendulaire, aboutissant au partage à peu près égal dans le temps, des privilèges attachés à l’exercice des fonctions dites publiques, dans lesquelles les ” élus “, de droite ou de gauche,  jouent, tout au plus, le rôle de pantins.

Certes, on n’écrit pas l’histoire avec des ” si ” et des ” mais “, pas plus qu’on ne peut remonter le cours du temps. Mais dans le cas présent, les arguments sont si concordants, si explicites, qu’ils s’ajoutent les uns aux autres, et qu’on peut dire, sur le fondement de quasi certitudes, que c’est bien l’asservissement de la Bretagne par la France, qui l’a peu à peu transformée en pays pauvre et improductif, après 1789 surtout, jusqu’à en faire un pays désolé, ce qu’il était encore dans ma petite enfance, après 1940. ………..

5 – LA DISPARITION DE LA LANGUE, planifiée par le colonisateur.

La langue, cela est prouvé avec certitude, est menacée de MORT par l’effet des persécutions très volontaristes exercées par le colonisateur depuis 1789 (voir notre article, intitulé ………. et notre émission diffusée sur lumière 101, intitulée : ” l’assassinat de la langue bretonne “). Les britophones sont au nombre de 2 millions en 1896, de 1,2 million en 1928, de 600000 en 1952, de 200000 en 2010 (ces chiffres sont approximatifs). La complicité passive ou active des hommes politiques ” bretons “, dans cette situation, est désastreuse. La langue bretonne n’avait pas vocation à disparaître (pas davantage que l’alsacien, le corse, le basque, le béarnais …); les bretons, comme les autres petits peuples, auraient, par nécessité, parlé volontairement l’anglais et le français. Les exemples de la Flandre et de la Catalogne sont  très démonstratifs. Les persécutions exercées en Bretagne ont été un immense et scandaleux gâchis. Avec la meilleure volonté des meilleurs d’entre nous, celà ne sera JAMAIS EFFACE DES CONSCIENCES BRETONNES.

Le rôle des politiques bretons dans le massacre de la langue de leurs ancêtres est terrifiant. (Sur la toile : Marylise Lebranchu, portrait d’une héroïne bretonne).

L’OEUVRE CIVILISATRICE DE LA FRANCE, VUE PAR LES OCCITANS.

Il est intéressant de citer ici quelques extraits émanant d’une étude publiée par un occitan.

 » (…) Le premier travail de l’instituteur fut d’apprendre aux jeunes Occitans, Bretons, Basques et Corses que la langue qu’ils parlaient était un vulgaire patois (…) que pour réussir il fallait parler le français et oublier sa langue maternelle (…) Les vieux s’en souviennent (du senhal). Le fond de leur aliénation fut atteint à l’école, où on leur inculqua la honte de leur langue, de leur accent, les obligeant à rejeter consciemment leurs attaches, leur façon d’être, à renier leur univers culturel et leur personalité de peuple.

 » (…) Nous sommes treize millions d’Occitans spoliés de leur culture par l’école de Jules Ferry, école qui a tenu les jeunes dans l’ignorance totale de la culture de leurs parents, brisant le lien des générations. L’idéologie de l’école bourgeoise était de tuer les minorités, de les écraser dès l’école pour mieux les broyer dans la machine sociale. L’enseignement primaire était un désert culturel : niaiserie des leçons de morale (!), morceaux choisis – trop bien choisis – de littérature, histoire de France mensongère et tronquée comme il n’est pas permis (…) « .

(Nombreux articles sur les persécutions subies par les occitans sur la toile. Voir, par exemple : L’occitan, une langue, la scolarisation).

LE CONCOURS APPORTE AUX BRETONS PAR LES NICOIS, EUX AUSSI COLONISES PAR LA FRANCE, PERSECUTES ET ACCULTURES COMME LES BRETONS.

Nous avons subi des persécutions dans notre comté de Nice, à l’occasion des guerres que la France n’a cessé de nous livrer tout au long de notre histoire et que l’on n’enseigne pas dans l’histoire de France, celle qui est racontée aux petits écoliers Nissart  suivant une scolarité obligatoire dans les écoles de la prétendue « république française ». L’épopée des « Barbets », nos résistants Nissarts, n’a pu être mise sous l’éteignoir par l’impérialisme culturel français, leurs faits d’armes sont parvenus jusqu’à notre époque: ils ont souvent payé de leur vie,ainsi que leur proches, la défense de leur terre .

Mais, le comportement actuel de la « république française » à l’égard des peuples qui sont placés sous son administration (les Basques,  les Bretons, les Catalans, les Corses, les Savoisiens et autres Nissarts), cette volonté de décider pour eux et de gérer leur vie au travers du tamis de la culture francilienne, ce jacobinisme exacerbé, cette négation systématique de l’identité des « Patries Charnelles » ne datent pas d’aujourd’hui; ils étaient présents dès l’avènement de cette « république », dont l’idéologie originelle est fondamentalement TOTALITAIRE.

Nous avons reçu, de la part de nos amis et frères Bretons, un texte effrayant, qui traite du génocide perpétré par la France dite  » des droits de l’homme  » en Bretagne et en Vendée, tiré du blog de Louis Mélennec, fort intéressant, qui relate les crimes commis par la jeune « république française » et qui sont, en fait, les actes fondateurs de celle-ci. Cette tare originelle, ce refus de la différence, ce mépris pour les autres cultures, a été transmise de génération en génération aux dirigeants DU PAYS OCCUPANT. (Voir dans Google : Mélennec, les crimes contre l’humanité et de génocide commis par la France …)

( A suivre )…………..

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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE.

 L’histoire de la colonisation n’a de sens que si on la ramène à ses véritables dimensions : celles de l’humanité, et celle de la planète. La colonisation et l’histoire de la Bretagne ne se comprennent qu’à partir de ces considérations. Il faut y ajouter les histoires des sociétés humaines, des Institutions, du droit en général, du droit international en particulier, des guerres, des traités, bien d’autres disciplines encore.

FERRO Marc, Histoire des colonisations, Le Seuil, Paris 1994. Je cite cet auteur parce que son livre, bien qu’inspiré par la volonté évidente de faire porter TOUT le chapeau de la colonisation aux pays occidentaux, comme si les colonisations africaines, de l’antiquité, des Chinois, des arabes, etc., n’avaient pas précédé celles de l’occident, contient malgré tout une masse de renseignements intéressants, quoique les connaissances de l’auteur soient limitées (oh combien !), aux seules périodes qu’il a investiguées. Ce qui, à défaut d’avoir situé le phénomène dans son contexte de l’histoire mondiale de l’humanité,  conduit à une erreur globale d’interprétation désastreuse. A rapprocher de cet historien (honoraire) breton, qui fait remonter l’origine des nations après le 16 ème siècle – ce qui exclut, lestement, la Bretagne du nombre des nations, puisqu’elle a été engloutie par la France à la fin du 15 ème siècle !!! Le bonhomme n’a rien lu sur les nations de l’Antiquité (Mésopotamie, Egypte, Israël, Grèce, Inde, Chine, etc.). Ce n’est pourtant pas la matière qui manque !

FERRO Marc, Le livre noir du colonialisme, Pluriel, Paris, 2003. Cet ouvrage, bien documenté quant à la période étudiée,  véhicule une idéologie : faire admettre que les pays européens ont inventé le colonialisme, qu’ils n’ont commis que des atrocités, et rien apporté de positif aux pays colonisés. Il est navrant qu’un historien ( un ” hystorien ” ?) se livre à ce genre d’exercice, sans RIEN CONNAÎTRE DE L’ANTIQUITE. Quelques lectures supplémentaires lui auraient fait au moins deviner que le colonialisme, l’esclavage, la domination des plus faibles par les plus forts se confondent avec l’histoire de l’humanité. Le sous-titre : ” 16 ème siècle au 21 ème siècle : de l’extermination à la repentance “. Le premier chapitre : ” La destruction des Indiens de l’aire caraïbe “. Tout le reste est à l’avenant. Rien sur les colonisations asiatiques, arabes, scandinaves ….. Surtout, scotomisation TOTALE des colonisations arabes et turques, qui ont été particulièrement atroces, et qui se sont prolongées (la colonisation turque, surtout), bien au delà du 16 ème siècle. L’ignorance (volontaire ici, très probablement) s’ajoutant à l’idéologie, ont abouti à la culpabilisation extrême de l’Occident, LA OU LE MONDE ENTIER EST CONCERNE, depuis les origines. Il y a des livres qu’on n’aimerait pas avoir écrits, des responsabilités qu’on n’ aimerait pas assumer. Ferro est vilipendé dans les blogs, à juste titre, en raison de sa partialité.

Cette bibliographie est destinée aux historiens bretons ” émérites ” , ou ” honoraires “, qui disposent – enfin – des loisirs de compléter leur formation, étant maintenant à la retraite, et l’idéologie qui les a inspirés souvent (celle des 100 millions de morts), étant plus que moribonde. QU’ON RETIENNE BIEN CECI : le phénomène colonial ne peut être compris, qu’à partir de ses origines, en aucun cas en le faisant commencer au 16 ème siècle.

– Monde antique : Claude MOSSE, Une histoire du monde antique, Larousse, Paris 2008. INDISPENSABLE, particulièrement pour les historiens universitaires, restés prisonniers de leur thèse, et qui ne peuvent même imaginer qu’il existe des Etats très organisés dans la haute antiquité, des nations, bien entendu, ainsi qu’un droit international (coutumier ou rarement écrit), puisqu’il est nécessaire que les groupes humains disposent de règles pour traiter leurs contentieux.

ROUX Georges, La Mésopotamie, Points Histoire, Paris, 1995.

GRANPIERRE Véronique, Histoire de la Mésopotamie.

SOURDEL Dominique, Histoire des Arabes, PUF, Que sias-je, Paris 1985. La colonisation arabo-musulmane précède largement celle de l’Occident. Elle est l’une des plus cruelles de l’humanité. Les Arabes sont parmi ceux qui ont le moins le droit de se plaindre de la colonisation. Ils ont, dès la 7 ème siècle, colonisé tout le pourtour méditerranéen. Leur propre colonisation par les pays occidentaux, aujourd’hui terminée, avait été un juste retour des choses : il avaient envahi, conquis, l’Egypte, la Lybie, l’Afrique du nord, la péninsule ibérique, la vallée du Rhône, causant sur leur passage des destructions et saccages inouïs. Ils ont été repoussés en Afrique, ce qui  était justice. Ce que l’on dénomme ” l’intelligentsia française,” n’est pas au courant de cette histoire : pour ces insuffisants de l’esprit, il ne reste que l’invasion coloniale de l’Afrique par les Européens. Tout le reste est scotomisé, débilement ” gommé “.

Bernard LUGAN, Histoire de l’Afrique, des origines à nos jours, Paris, 2009.

Bernard LUGAN, Afrique, bilan de la décolonisation, Vérités et légendes, Perrin, Paris. Ouvrage capital, notamment en raison du fait que l’auteur ne fait pas partie de la France bien-pensante, celle du prêt-à-penser, des idées convenues et fausses. B. Lugan a fait l’objet de persécutions insensées, qui ont eu raison de ses fonctions universitaires. En quoi son sort rejoint celui de Reynald SECHER.

BALANDIER Georges, Le royaume de Kongo du 16 ème au 18 ème siècle, Pluriel, Paris, 1965.

LAUGIER de TASSY, Histoire du royaume d’Alger, Amsterdam, 1725. Indispensable pour savoir ce qu’est l’Algérois avant les Français.

RIVET Daniel, Le Maghreb à l’épreuve de la colonisation, Pluriel, Paris, 2002.

– Russie impériale : Nicolas V. RITASANOVSKY, Collections Bouquins, Paris 1994.

– République de Venise : Frédéric C. LANE : Venise, une république maritime, Champs Flammarion, Paris, 1985.

DIEHL Charles, La République de Venise, Paris, 1967.

Bartolomé BENNASSAR, Histoire des Espagnols, Collection Bouqins, Paris, 1992.

MELENNEC Louis : quelques articles sur la névrose bretonne et la névrose d’acculturation; plusieurs vidéos et émissions radiophoniques, dont ” La Bretagne assassinée “, sur Lumière 101. Charte pour la Bretagne, publiée par l’Association Bretonne de Culture (page 44), le site de Yann Fouéré actualités, le site du Musée Paul Gauguin, la revue War Raok …… et, dit-on, l’HUMANITE, sans tarder.

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(Ce texte – déja publié en 2010 -, sera complété en temps opportun).

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