ANNE DE BRETAGNE : QUELQUES TRAITS DE CARACTERE : La duchesse – reine était une femme simple, directe, et dont le caractère tendait à l’austérité, sinon à l’ascétisme .

(Article en forme de notes, en cours d’élaboration).

 

anne

@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@

Il a été écrit tant de sottises sur le caractère et la personnalité d’Anne de Bretagne, qu’il est nécessaire de mettre les choses au point.

Si les témoins du temps ont souligné sa forte personnalité – qui intimidait ceux qui la voyaient, même de loin -, son obstination, sa volonté à poursuivre ses objectifs et à les atteindre, ils ont aussi souligné ses grandes qualités d’humanité, sa bonté foncière, son esprit charitable et juste, son esprit scrupuleux, sa capacité à reconnaître ses torts, qui allait jusqu’à demander à son confesseur de ne point user d’indulgence à son égard, lorsqu’elle croyait avoir mal agi.

La documentation sur Anne de Bretagne est si abondante, qu’on pourrait écrire un livre assez épais, non pas sur sa vie, mais sur sa personnalité. N’ayant pour le moment pas l’opportunité  de rédiger dans mon blog ou ailleurs une étude caractérologique d’Anne de Bretagne, je donne ici quelques éléments qui inciteront les lecteurs à en savoir davantage, et ceux qui ont été contaminés par des pamphlétaires récents, qui devraient prendre garde à écrire sans haine et sans parti pris.

En avril 2001, j’ai eu l’honneur, devant un public très nombreux, désarçonné par des publications contradictoires sur Anne de Bretagne – certaines franchement haineuses –  de donner  une conférence, au manoir du duc Jean V (manoir de la Touche, inclus dans l’enceinte du musée Dobrée), à l’invitation de la société archéologique et historique de Nantes, présidée par Jean François CARAES, sur le thème :  »  Anne de BRETAGNE; son caractère et sa personnalité d’après les archives, les chroniqueurs contemporains, ses lettres, sa vie, sa politique à la tête de la Bretagne et du royaume de France « . 

Ce public était avide de savoir qui a été réellement leur Duchesse. J’ai parfaitement perçu cette attente anxieuse. J’ai levé les doutes qu’une publication récente avait jeté dans l’esprit des auditeurs, très nombreux.

Ce très gros travail a été réalisé à partir des éléments énumérées plus haut. Il a exigé de longs mois de mise au point, après des années de lecture pointilleuse des archives. Les recherches sont STRICTEMENT conformes aux données – très concordantes – de l’époque durant laquelle Anne a vécu sa brève existence – en particulier les archives diplomatiques.

Les traités conclus par Anne de Bretagne, les actes politiques signés par elle, ou sous son influence, les lettres échangées entre les souverains de l’époque, sont très nombreux : ils sont, évidemment, le reflet précis de ce qu’a été sa politique, en particulier en faveur de son pays : sur ce point, la tricherie devrait donc être impossible : on sait, malheureusement, ce qu’il en est. Je me suis – strictement encore -, abstenu de  » broder  » sur le personnage, ou de donner  » des coups de pouce  » dans un sens ou dans un autre, pour en  » façonner  » une vision partiale. Je me serais discrédité si j’avais agi autrement qu’en  » expert « , c’est à dire en photographe, n’ayant à priori AUCUN sentiment pour son modèle, et s’obligeant à ne pas en avoir. S’il en résulte une opinion globalement très laudative, c’est parce que, l’expertise terminée, les faits n’autorisent à conclure que dans ce sens, et que le personnage est immense. Si Anne de Bretagne avait été méprisable,  je l’aurais dit, sans l’ombre d’une hésitation. Et si tel avait été le cas, il est plus probable que je n’aurais pas poursuivi bien longtemps mes recherches. Ceux qui me connaissent, savent que je ne juge jamais par complaisance, encore moins par lâcheté ou par intérêt personnel. Qui peut en douter ?

Les peuples ont BESOIN de s’incarner dans des héros. Cela est de tous les temps, sûrement du notre aussi. En choisissant Anne de Bretagne, le peuple breton, quoique castré de son histoire par le fait que le pays d’à côté – je parle du pays des droits de l’homme -, en situation de force, a réussi à imposer la sienne, notamment par l’école  » gratuite et obligatoire » de Jules FERRY, grand théoricien des races supérieures, habilitées, selon lui, à  » civiliser  » les autres races, et à la substituer à la nôtre, ce qui est un crime impardonnable contre la liberté de conscience et le respect dû aux êtres humains.

Liturgica Anne de Bretagne Funerailles de la reine Livres d'heures Roman de la rose Communaute Forum Livre d'Or - Guestbook News

PAULINE MONTARASSO : Le baptême de Renée de France en 1510 (Paris, 2011, éditions du CNRS).

Dans un ouvrage ardu et savant, détaillant les cérémonies du baptême de Renée de France, fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne, en 1510, Pauline MONTARASSO termine son ouvrage en confirmant ces traits de caractère, que tous les auteurs sérieux ont souligné, parce qu’ils sont confirmés par des témoignages nombreux, et par les instruments qui nous sont maintenant fournis par la science caractérologique, dont le plus illustre représentant a été René LE SENNE.

Dans la bibliographie qui fait suite à l’article publié dans le blog de Louis Mélennec sous le titre  » Comment Renée de Bretagne, fille de la duchesse Anne, a été éliminée du trône breton par la France  » , j’ai publié le bref commentaire qui suit :

 » L’ouvrage, savant, détaille les préparatifs et les frais engagés pour le baptême de Renée. La cérémonie est simple, en aucun cas fastueuse. Le dernier chapitre, surtout, est intéressant, par la description de ce trait de caractère d’Anne de Bretagne, que connaissent bien ceux qui ont beaucoup étudié le personnage, et qui ridiculise une fois de plus les pamphlétaires.

En sa qualité de reine et de duchesse, la plus puissante et la plus influente d’Europe,  elle  » tient son rang « , et reçoit, dans sa vie officielle, avec faste. Mais dans sa vie privée, elle et son mari vivent dans une simplicité austère : elle porte des vêtements simples, sans dorures et sans bijoux; elle parle avec franchise, sans affectation et sans fard; elle est très attentive à écouter ses visiteurs. Elle s’adresse simplement aux gens simples, mais témoigne d’une grande distance à l’égard des puissants et des prétentieux.

De plus, elle est bien loin d’être « dépensière « : elle gère son patrimoine avec sérieux, ce qui ne l’empêche pas d’être très généreuse – alors que son mari est avare; c’est parce qu’elle a le sens de l’épargne, qu’elle laisse un héritage immense. Elle est très attentive à la santé et à l’éducation de ses filles, qu’elle ne nomme pas par les titres d’usage (madame), mais par leurs prénoms (ma fille Claude, ma fille Renée), ce qui surprend dans ce milieu habituellement très guindé. S’agissant de leur vie matérielle, la reine veille à ce qu’elles jouissent du nécessaire, mais pas davantage :  » La duchesse – reine n’aurait pas toléré qu’elles se montent la tête « , écrit madame MONTARASSO, simplement parce qu’elles étaient princesses. L’auteur(e) souligne que la reine avait un penchant pour l’austérité, voire même pour l’ascétisme. Mais, dit-elle, étant reine, elle ne peut assumer ce penchant naturel, car sa fonction le lui interdit : les princes de ce temps ont l’obligation de montrer qu’ils sont puissants : en public, l’ostentation et l’étalage de leur richesse sont une nécessité, faute de quoi ils sont discrédités aux yeux de tous. Pour un Empereur, un roi, un prince de ce temps, le luxe des palais, des vêtements, du mobilier, est une nécessité. Mais passée la porte des ses appartements privés, le Prince peut mener une vie sobre, voire davantage. Les exemples abondent : ils seront cités en leur temps. Mais pour savoir cela, il faut avoir été avide de lire un très grand nombre de biographies, et ne pas se fier seulement aux apparences, c’est à dire au luxe dont le prince est contraint de faire étalage; et surtout d’être en possession de ces outils aujourd’hui indispensables : la psychologie, la psychiatrie, surtout la carctérologie. L’économie, le souci d’une gestion saine du budget de son pays, ne furent certes pas l’apanage de François 1er, dont les dépenses et le luxe ostentatoires étaient sans limites. Mais ce fut la cas pour Pierre le Grand, Napoléon 1er,  le Grand Frédéric II de Prusse, et bien d’autres souverains. Anne de Bretagne appartient au même groupe caractérologique que ces personnages, que l’on ne peut comprendre que si l’on maîtrise la caractérologie de Le SENNE « .

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

R. de MAULDE la CLAVIERE.
Parmi les auteurs qui ont décrit le caractère d’Anne de Bretagne, R. de MAULDE la CLAVIERE est l’un des rares à avoir bien compris cette simplicité foncière de la Duchesse – même s’il n’éprouve pas pour elle une sympathie débordante, lui prêtant, comme tant d’autres, un  » mauvais caractère « , qu’il confond avec une forte personnalité. Je cite ici ce passage extrait de son livre remarquable sur Louise de Savoie et François 1er, extrêmement juste, fondé sur des références nombreuses et solides (pages 225 et suivantes) :

 » Dans l’intimité, le ménage royal (Louis XII et sa femme) représentait la BONHOMIE LA PLUS PATRIARCALE, de deux bons bourgeois. La petite claude (dont nous avons vu qu’elle fut éduquée selon les principes sans concession que pratiquait sa mère),  fera cadeau à son père d’une paire de PIGEONS PATTES (!!!) … Ces traits, que nous citons au hasard, appartiennent à l’extrême antipode du monde d’Amboise …. (La princesse) Claude prenait quelque ressemblance avec la malheureuse Jeanne de France, première femme du roi Louis XII : pas belle, bien bonne, bien sage, bien simple, douce, droite, très pieuse …. »

(Pour le lecteur, qui ignore ce qu’était  » le monde d’Amboise « , voici : Charles VIII,  marié à Anne de Bretagne contre le gré de celle-ci, en décembre 1491, fit bâtir à Amboise un château immense, l’un des plus vastes et des plus luxueux de l’époque. Sa cour était particulièrement dispendieuse, et débridée. Le roi trompait abondamment sa femme, l’infidélité étant à cette époque très répandue. Les moeurs, à l’image de celles du roi, étaient particulièrement relâchées, ce qui déplaisait formellement à Anne de Bretagne, élevée dans une morale austère, très pieuse et sage. Mariée en janvier 1499 avec son cousin Louis XII, neuf mois après la mort de Charles VIII,  elle tînt dans sa nouvelle cour, au château de Blois, école de vertu, conforme à sa nature, qui ne s’est jamais démentie, et qui lui valurent, d’ailleurs, les taquineries moqueuses de son mari, qui devînt lui même, en dépit d’une jeunesse agitée et délurée, un exemple de fidélité à son épouse; ce qui est attesté, non sans surprise, par tous les chroniqueurs du temps, sans aucune exception.

Anne inculqua à ses deux filles les principes austères qui étaient les siens. L’une et l’autre furent remarquables de charité et de respect d’autrui).

De de MAULDE encore, ce passage tiré de la page 340 du même ouvrage :

 » La reine possédait une grande fortune … Et elle la gérait FORT BIEN, en joignant à une grande magnificence une certaine économie. Sa vaisselle et l’argent comptant qu’on trouva dans ses tiroirs, représentaient PLUS D’UN MILLION D’ECUS « .

Un million d’écus d’économies, à une époque ou presque tous les princes sont couverts de dettes, et dépensent tant qu’il ne peuvent rembourser leurs créanciers ! Sait-on que l’énorme somme laissée par la reine-duchesse équivaut A LA MOITIE DU BUDGET DU ROYAUME DE FRANCE ? La reine n’était pas seulement bonne gestionnaire, elle était extrêmement économe, pour posséder tant d’argent liquide. Les pauvres arguments des auteurs qui la présentent comme extrêmement dépensière, sont ridicules.

Je ne commenterai pas davantage ici : les accusations portées par des  » hystoriens  » qui accusent Anne de Bretagne de  » jeter l’argent par les fenêtres « , ce  » qui ne lui coûte guère, car c’est l’argent du peuple « , ne correspondent A RIEN. Du bluff, inspiré par la sottise, la petitesse, la mesquinerie.

CONTARINI Zaccaria.

Ce diplomate vénitien appartient à une famille illustre, qui a donné plusieurs Doges à la République de Venise (Dux, duc, duce, doge …: ces mots signifient : chef), et plusieurs ambassadeurs auprès de la cour de France. C’est par lui que l’on connaît, dès 1492, quelques mois après le mariage d’Anne de Bretagne et de Charles VIII, que la Duchesse présente une grande finesse d’esprit et une grande maturité pour son âge, et une volonté marquée d’obtenir ce qu’elle veut obtenir, par tous les moyens,  » que ce soit par les rires ou par les larmes « . (Plusieurs articles sur Zaccaria CONTARINI sont accessibles sur la toile). La citation exacte, rarement bien traduite, est la suivante :  » … per l’eta sua astutissima, di sorte quello che si metto in anima, o con risi, o con pianti, omnino lo vuole ottenere « .

Contarini nous apprend aussi – ce que confirment les autres témoins que, quoique mariée contre son gré, avec un homme qu’elle détestait en raison du mal qu’il avait causé à la Bretagne, elle en tomba rapidement amoureuse, quoiqu’il fût particulièrement laid, avec ses traits anguleux, sa petite taille, son corps grêle, ses genoux cagneux. La vie du couple fut très orageuse, car notre bretonne, au fort caractère, n’était nullement impressionnée par son mari, et lui faisait des scènes fréquentes.

LEROUX de LINCY, Détails sur la vie privée d’Anne de BRETAGNE, femme de Charles VIII et de Louis XII … (Persée, consultable sur la toile).

 » Ce n’est pas seulement l’illustration de sa naissance et la triple couronne dont sa tête a été ceinte qui placent Anne de Bretagne au rang des personnages illustres du quinzième siècle; les grandes qualités du cœur et de l’esprit dont celte reine était douée lui valent aussi cet honneur ….

«  Au milieu des splendeurs toutes royales qui l’environnaient,  jamais Anne de Bretagne n’oublia la province où elle était née, et don telle fut la dernière souveraine. Louis XII, dans ses moments de gaieté, l’appelait sa Bretonne, faisant allusion à l’obstination de caractère dont elle donna souvent des preuves ; mais ce nom lui convenait aussi, à le prendre dans son acception la plus simple …

Dans ses portraits, quelle que soit la magnificence de ses vêtements,  la reine Anne a toujours la même coiffure, une cape bretonne d’étoffe noire, ornée de pierres précieuses, sous laquelle on aperçoit la garniture à petits plis d’une coiffe blanche. Elle avait, pour les jours d’apparat, des robes et des manteaux de la plus grande richesse; MAIS CEUX QU’ELLE PORTAIT ORDINAIREMENT ETAIENT DE COULEUR SOMBRE ET UNIFORME; seulement, les insignes qu’elle avait pris pour devises, ou qui composaient ses armoiries, en faisaient toujours partie. Les fourrures qui garnissaient sa robe et son manteau étaient semées d’hermines. Sa taille était serrée par une ceinture dite cordelière, qui retombait jusqu’à ses pieds …. »

DE LA NECESSITE, POUR LES ROIS ET LES SOUVERAINS, DE PARAÎTRE, A PEINE DE PERDRE LEUR PRESTIGE…..

Le luxe des Empereurs, des Rois, des Princes, de Chefs religieux n’est en aucune manière une invention du moyen âge, certainement pas de la cour des rois de France. Il existe depuis la plus haute antiquité. Quiconque a visité les ruines d’Egypte, de Mésopotamie, d’Amérique centrale, de Rome, de Florence, de Venise, de Naples, peut avoir une vision au moins approximative de ce qu’a été ce phénomène à toutes les époques, y compris les fastes de la cour d’Angleterrre jusqu’à nos jours, plébiscités par le peuple anglais, et d’ailleurs par le monde entier, comme on a pu le voir lors des cérémonies de la reine Elisabeth II. Le sommet, sans doute, est représenté par la cour de Chine et par la cour des Moghols, en Inde.

Si les moeurs sont devenues plus simples, aujourd’hui, pour toutes les réceptions officielles, à toutes les époques, les souverains ont le devoir d’étaler leur richesse, condition indispensable à leur pouvoir. C’est par une vue réductrice et inexacte de considérer  que l’étalage de luxe, constant à travers l’histoire, est l’effet du profit qu’ils « tirent de l’exploitation des masses », selon la ridicule formule des marxistes. Même s’il est exact que de nombreux Princes ont dépensé plus qu’il n’eut été raisonnable pour satisfaire les besoins de leurs gouvernements et de leurs pays; Le contraire ternissait leur image aux yeux de tous, altérait leur autorité et leur majesté.

……………….. (A suivre, éventuellement …..)

@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE.

______________________

L’attitude des universitaires qui omettent systématiquement de citer les auteurs dont il ne partagent pas les idées, croyant les néantiser, produisent l’effet inverse. Les livres de Reynald SECHER sur le génocide brito-vendéen sont maintenant célèbres – en dépit, ou à cause du traitement infâme que lui a valu son amour de la vérité. On trouvera ci-après référence aussi bien à des auteurs estimables, qu’ à d’autres, qui ont menti. Le scientifique doit connaître TOUTES les opinions, y compris les fausses : car les sophismes et la mauvaise foi permettent d’aiguiser l’esprit, et de mieux faire progresser sa propre démarche intellectuelle.

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

ANNE de BRETAGNE, Une histoire, un mythe, Paris 2007, éditions d’art Somogy. Le catalogue édité à l’occasion de l’exposition de Nantes, au château des Ducs, mérite un mémoire de doctorat, afin de savoir qui l’a commandité, pourquoi, et comment, et surtout l’idéologie qu’il véhicule, et comment la majorité des contributeurs ont pu écrire un tel ramassis d’inexactitudes et de jugements partiaux.

ARGENTRE (Bernard d’), Histoire de Bretagne,

BRANTÔME (Seigneur de),

CONTARINI Zaccaria.

De MAULDE LA CLAVIERE R., Louise de Savoie et François 1er, trente ans de jeunesse, Paris 1895, Perrin et compagnie. Comme tous les livres de DE MAULDE, une mine inépuisable d’érudition, avec un appareil de références impressionnant.

GABORY Emile, Anne de Bretagne, duchesse et reine, Paris, 1941, éditions Plon. Ouvrage excellent, écrit par un auteur savant et honnête. L’ouvrage pèche sur un point majeur : il donne une version idéalisée – et fausse -, de la réunion de la Bretagne à la France, qui n’a ni été souhaitée, ni été voulue par les Bretons, ni inéluctable, mais imposée par la France, dans des conditions qui sont aujourd’hui parfaitement connues.

LACROIX Paul (dit le Bibliophile Jacob), Louis XII et Anne de Bretagne, 640 pages. Paris, 1887, éditions Georges Hurtrel. Ouvrage précieux, très détaillé, très précis, très fidèle aux textes du temps, malheureusement amputé (par l’auteur) de toutes ses références. Les citations, innombrables, sont imprimées en italiques, mais malheureusement sans indication des sources. (Ces citations sont exactes, il convient cependant de le préciser).

LE PAGE Dominique (sous la direction de), Pour en finir avec Anne de Bretagne, Actes du colloque organisé aux archives départementales, le 25 mai 2002.  Nantes, 2004. Malgré le titre, on n’a pas fini de parler d’Anne de Bretagne ! Plusieurs articles excellents, dont l’un sur Jean de Rieux, Maréchal de Bretagne (G. Guillaume, docteur en histoire). Des erreurs regrettables : il y a bien un sentiment d’appartenance (autrement dit : un sentiment national) chez les Bretons, et très puissant; la Bretagne est SOUVERAINE avant les invasions, et non pas un « fragment  » du royaume de France.

LEMONNIER Henry, Charles VIII, Louis XII, et François 1er. Paris 1911, réédition de 1982. L’auteur n’aime manifestement pas Anne de Bretagne. Parce qu’il ne la connaît pas. Et parce qu’il appartient à l’équipe de LAVISSE (voir ce nom par Google), dont le rôle dans la  » construction  » de la religion nationale française, et dans la perversion des petits écoliers hexagonaux a été si importante, par le lavage collectif des cerveaux (on lui doit cette perle, qui est la première leçon d’histoire que j’ai apprise par coeur, à l’âge de six ans :  » En ce temps là, la France s’appelait LA GAULE, les Français s’appelaient LES GAULOIS «  : mauvais débuts dans la découverte de ma bretonnitude, et de mon identité. Pour ces auteurs, Anne est vécue comme une ennemie, plusieurs siècles après sa mort, car …. elle était bretonne, et aurait voulu sauver son pays de l’emprise du corrupteur. Ceci étant, LAVISSE et LEMONNIER sont de très grands historiens, que j’admire, car ils sont très bien informés, rigoureux, et, on ne peut leur en vouloir d’aimer la France, leur pays, avec sincérité. On doit à Lemonnier quelques phrases intéressantes sur Anne de Bretagne : « Louis XII aima sa  » chère Bretonne « , en excellent mari  » ( = vrai) …..  » Elle sut fort bien établir sur lui son empire et l’accroître  » ( = vrai; dans les ménages bretons, à plus forte raison dans les ménages franco-bretons, c’est la femme qui porte la culotte; avant d’épouser une Bretonne, il vaut mieux être au courant).  » Elle s’en servit POUR ASSURER DE MIEUX EN MIEUX L’INDEPENDANCE DE LA BRETAGNE, à laquelle jusqu’au bout elle s’attacha avec un acharnement jaloux  » ( = vrai, à ceci-près qu’il n’y a rien eu que de louable dans l’amour de la Duchesse pour son pays, et aucune vulgarité dans sa démarche, oh combien honorable pour les Bretons !). Et encore, cette phrase célèbre :  » Cette excellente bretonne (fut une) mauvaise française  » : vrai sur le premier point (elle fut une remarquable bretonne); faux sur le second : mariée avec Louis XII, son proche parent, qui a permis à la Bretagne de retrouver sa duchesse, son gouvernement, ses Institutions séculaires, elle fut d’une loyauté remarquable à l’égard de la France, ayant obtenu de du roi son époux que son pays recouvre tous ses droits, Y COMPRIS D’AVOIR SON PRINCE SOUVERAIN APRES SA MORT.

LEROUX de LINCY, Vie d’Anne de Bretagne, Paris, 1861.

LEROUX de LINCY, Détails sur la vie privée d’Anne de Bretagne, femme de Charles VIII et de Louis XII, Persée, consultable sur la toile.

MELENNEC Louis, Notes manuscrites, extrêmement détaillées.

MELENNEC Louis, articles publiés à l’occasion de l’exposition de Nantes, en 2007 : Mélennec, une exposition porcine (ABP et Errances); Anne de Bretagne : une histoire de coeur (Aventures de l’histoire);

MICHELET Jules,…. Michelet a été considéré comme un grand historien, notamment pour ses volumineux ouvrages sur la révolution française. Il a accrédité de celle-ci la vision, fausse, qui nous a été apprise à l’école, comme l’élément fondateur de la religion nationale française. Aujourd’hui, il n’est plus qu’un romancier de l’histoire, au style flamboyant, agréable à lire, certes, mais sans aucune crédibilité sur aucun sujet, tant il est partial. C’est un autre Alexandre DUMAS. La haine de ce français pour Anne de Bretagne est tout-à-fait surprenante. Un chose à retenir, cependant : selon cet auteur, elle souffrait d’une  » monomanie « . Quelle monomanie ? LA BRETAGNE.

MINOIS Georges, Anne de Bretagne, Paris, 1997 et… , éditions Fayard. J’ai dit ailleurs que l’ouvrage est écrit dans un style agréable, et que l’auteur a eu accès à une documentation abondante. Mais le portrait qui est fait d’Anne de Bretagne est une série de remarques haineuses, inexactes, ne correspondant ni de près ni de loin à sa personnalité. Pourquoi donc se compromettre à de tels exercices ? Ne se rend-on pas compte, en écrivant l’histoire de cette manière, qu’on discrédite TOUT LE TRAVAIL que l’on a réalisé dans sa vie ?

POCQUET Barthélémy, in LE MOYNE de la BORDERIE, Histoire de Bretagne, Spezet, 1998, tome IV page 35 et suivantes.

TOURAULT Philippe, Anne de Bretagne, Paris … , éditions … C’est le seul ouvrage actuellement en circulation que l’on puisse recommander en confiance. Quoique Philippe TOURAULT ait – un peu – versé dans la laudation excessive, tout au moins sur la beauté d’Anne de Bretagne, qui certes séduisait par sa personne, mais dont on n’a nulle part le témoignage qu’elle fut d’une beauté exceptionnelle (on sait par l’ambassadeur vénitien Contarini qu’elle avait un joli visage, mais rien de plus, à ma connaissance; si ! les ambassadeurs de Maximilien d’Autriche disent à leur seigneur et maître, pour le mettre en appétit, que  » sous son corselet, il y a de petits seins bien durets  » (sic). On sait encore qu’elle présentait une légère claudication, qu’elle dissimulait habilement par une talonnette (un « patin », dit-on à l’époque).

TURIAS Odette, L’héritière d’Anne de Bretagne : Claude ou Renée de France ? In le Catalogue de l’exposition sur Anne de Bretagne au château des Ducs, en …, pages 113 et suivantes. ….Madame TURIAS fait partie des auteurs recrutés pour tenter de ” démolir ” l’image d’Anne de Bretagne, lors de l’affligeante exposition sur Anne de Bretagne, au château ducal de Nantes en 2007 … L’article qui lui a été commandé à cette occasion, qui figure dans le ” catalogue ” de l’exposition donne de Renée une image cocasse : descendante de presque toutes les dynasties européennes, fille de rois et de reines, elle est d ‘emblée marquée au fer rouge, à cause de ses origines ; ce n’est pas une femme, mais une sorte de monstre : c’est une mauvaise, une calculatrice, une femme près de ses sous, une dépensière … c’est une capitaliste avant l’heure … Elle a été spoliée : tant mieux : ” François 1er l’éloigna JUDICIEUSEMENT (sic !), en la mariant avec le jeune Hercule d’Este “. Elle reste fidèle à son pays d’origine, la France : quelle horreur ! Elle respecte son beau frère : RE ! (Il eût été honnête de dire qu’elle l’a respecté, et défendu les intérêts de celui-ci jusqu’au moment ou elle a découvert qu’il était un monstre). Elle est charitable, elle se ruine pour abriter trois cents protestants dans son château : ne vous y fiez pas : ce ” sens de la charité est spectaculaire ” : une pure mise en scène, en somme, car ” elle se veut royale … comme le roi son père et la reine sa mère ” (!). C’est une hypocrite, bien sûr : ” Protée au féminin, habile à se métamorphoser, elle sut prendre diverses apparences pour se protéger ..” Et intéressée avec ça : elle ose intenter un procès au roi Charles IX, car elle est près de ses sous, et a besoin d’argent pour réparer son château de Montargis. Etc., etc. C’est monstrueux, pire : consternant. Ce portrait haineux rejoint celui que MINOIS donne d’Anne de Bretagne dans son pamphlet précité. Il est PEREMPTOIREMENT DEMENTI PAR LES CONTEMPORAINS, les lettres les actes diplomatiques, surabondants. Renée a été une femme exemplaire, comme sa mère, que Brantôme n’hésite pas à comparer à Blanche de Castille, le modèle des reines de France, la mère de Saint Louis. On n’arrive pas à comprendre les motivations de cette manière d’écrire l’histoire. Les erreurs abondent : ne perdons pas de temps à les citer.

QUILLET Bernard, Louis XII, Paris 1986, éditions Fayard. L’ouvrage est remarquablement documenté. Il est regrettable que l’auteur exprime pour la duchesse une haine dont un historien doit s’abstenir. Il ne met absolument pas en doute son attachement extrême pour la Bretagne, décrivant en détail tout ce qu’elle a mis en oeuvre pour que survive après elle l’idépendance du Duché. Excellente analyse, en particulier, du  » mariage autrichien « , de la plus que ferme volonté de ne jamais marier sa fille Claude avec le futur François 1er, ce que confirment TOUS les historiens sérieux, car les archives ne laissent, sur ce point, AUCUNE SORTE DE DOUTE.

@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@

Laisser un commentaire